CEUX QUI ME TOUCHENT

Inspiré par un conte imaginé avec sa petite fille, un employé d’abattoir se prend à rêver d’une autre vie. Un récit contemporain puissant.

Fabien est un ancien étudiant en arts appliqués qui travaille dans un abattoir pour nourrir sa famille. Le soir, au moment du coucher, il imagine avec sa petite fille à l’imagination débridée une histoire fantastique où il est notamment question de baguette arc en ciel, de cervidé et de cochon zombie tatoué… Mais quand les jours suivants, certains évènements viennent lui rappeler le conte qu’ils ont imaginé, il y voit le signe qu’il doit changer de vie.
Près de dix ans après « Ceux qui me restent », le duo Marie-Bonneau revient avec un nouveau roman graphique puissant et très actuel. Si à un moment on pense tomber dans le fantastique, « Ceux qui me touchent » est en fait bien ancré dans le réel. On y voit un couple à la dérive usé par le travail (la femme de Fabien est infirmière en soins palliatifs) et de trop courts moment de respiration en famille ou entre amis, une bière artisanale réconfortante à la main. On ressent le traumatisme de Fabien face à ce métier qu’il n’a pas choisi, on entre avec lui dans les coulisses d’un abattoir et l’odeur du sang nous arrive presque dans les narines, on se laisse emporter par ses espoirs fous de changements…
Le découpage fluide et le graphisme très réaliste et très pictural à la fois, aux couleurs parfois audacieuses, embarquent ainsi le lecteur dans quelque 220 pages d’une histoire mélancolique et émouvante interrogeant sur la déshumanisation du monde du travail, sur les choix à faire entre la passion et la raison, sur la marchandisation de l’art aussi. Un album maîtrisé de bout en bout.

Dessinateur: Laurent Bonneau – Scénariste: Damien Marie – Editeur: Grand Angle – Prix: 24,90 euros.

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