CARTHAGO – Tome 1 – Le Lagon de Fortuna
Lors d’un forage dans les fonds marins, des employés de la Carthago découvrent à leurs dépens l’existence du plus grand prédateur des mers qu’ait jamais connu la planète. Une découverte qui va susciter toutes les convoitises. Angoisse et action dans la lignée de « Sanctuaire ».
Ancêtre préhistorique du grand requin blanc, le megalodon et ses 25m de long est censé avoir disparu il y a 5 millions d’années. D’où la surprise de Kim Melville, océanographe passionnée, lorsqu’on lui apprend qu’un spécimen a été repéré dans un vaste réseau de grottes sous-marines. Cette découverte remettra t-elle en question l’équilibre écologique de la planète?
Une chose est sûre, Christophe Bec aime les grottes et les fonds sous-marins qui cachent un secret et que vient éclairer la lumière des torches. Après le gros succès de sa série « Sanctuaire », il revient mais au scénario cette fois. Et ce dernier est particulièrement riche: mélange des « Dents de la mer » et d' »Abyss » d’un côté, sombres visées du Pdg encagoulé de la société de forage pétrolier Carthago et d’un milliardaire collectionneur de l’autre, « Carthago » s’annonce riche en événements.
Bec n’est pas parti de nulle part. La momie exposée dans l’antre du collectionneur roumain existe bel et bien: il s’agit d’Otzi, l’homme de glace, découvert en 1991 par deux randonneurs dans les Alpes. Mais surtout la base même du scénario s’inspire d’une rumeur qui circule autour d’une découverte du commandant Cousteau, appelé « commandant Bertrand » dans l’album. Celui-ci aurait découvert, dans une fosse marine au large de Djibouti, quelque chose de « trop important pour le dévoiler à l’humanité » après avoir immergé une carcasse de chameau dans une cage destinée à l’observation des requins. La cage en serait ressortie broyée. Le commandant Cousteau aurait même paraît-il réussi à filmer le monstre, ses descendants conservant le document dans un coffre-fort, avec l’ordre de ne jamais le sortir. Dans « Carthago », les descendants ont juste été remplacés par des membres de l’Adome, une branche secrète de Greenpeace.
A partir de cette base, Bec construit une intrigue captivante grâce notamment aux nombreux changements de lieux (du Jura aux îles Tonga en passant par Djibouti ou la Roumanie) et d’époques (de 24 millions d’années avant JC jusqu’au XXIe siècle): on voyage beaucoup mais sans jamais se perdre et on passe en revue des sujets actuels (sciences, écologie et économie) sans s’ennuyer. Les personnages qui ne sont encore qu’esquissés devraient livrer davantage d’eux-mêmes dans les tomes suivants (la série est prévue en huit tomes). Certains ont également un rôle encore très mineur mais devraient se révéler très importants dans la suite, à l’instar de la petite Lou, la fille de Kim Melville.
Le dessin a été confié à Eric Henninot (« Alister Kayne ») dont le style réaliste convient tout à fait à ce thriller écologique. Les descentes en bathyscaphes sont réellement oppressantes (claustrophobes attention!) et les rencontres avec les bébêtes à grandes dents pas franchement rassurantes. Elément important pour créer l’angoisse des fonds sous-marins, la colorisation est l’oeuvre de Delphine Rieu, une quasi spécialiste puisqu’elle a travaillé sur « Les Aquanautes ».
« Carthago » connaîtra-t-elle le même sort que « Sanctuaire » dont le 3e et dernier tome s’est vendu à plus de 150.000 exemplaires selon l’éditeur? Vu ce premier opus, c’est tout le mal qu’on lui souhaite.