CAREME – Tome 2. Cauchemars
Suite des aventures de Martinien et Aimé, deux héros doux et gentils qui apprennent à se connaître. Une histoire d’amitié séduisante au graphisme réussi mais qui manque d’épaisseur.
Le maigre Martinien, le gros Aimé et le chien Ferdinand arrivent enfin à Lanmeurbourg, la capitale. Suite à la disparition de sa camionnette lors de l’incendie du Grand Tunnel dans le premier tome, Martinien reçoit en guise de dédommagement une petite fortune de la part de la Compagnie qui possède le tunnel. Une joie ternie par une révélation: Aimé avoue être venu à la capitale, pour y suivre une cure thermale à cause d’une maladie incurable…
Qu’à cela ne tienne, Martinien décide alors d’offrir et d’accompagner son ami dans le plus prestigieux centre thermal de la ville.
« Carême » est une série assez étonnante. C’est la première pour Christophe Bec (dessinateur sur « Zéro absolu ») en tant que scénariste et ce deuxième tome est toujours basé sur une histoire d’amitié entre deux héros doux et gentils. On suit donc Martinien et Aimé à travers la ville et ses boutiques luxueuses, leur complicité transpire des planches mais il ne se passe pas des tonnes de choses et surtout on ne perçoit pas de vrai fil conducteur au récit. S’agit-il de l’amitié entre les deux hommes? de la maladie d’Aimé et de ses mystérieux cauchemars? ou bien plutôt de l’ascension professionnelle de Martinien, thème qui semble se dessiner à la fin de ce deuxième opus?
Si le scénario manque donc de consistance, force est de reconnaître que la série a quelque chose de vraiment plaisant. Le graphisme de Paolo Mottura, Prix Albert Uderzo Jeune Talent à Nîmes cette année, y est certainement pour beaucoup. Cet Italien qui a travaillé pour Walt Disney a un sacré coup de crayon. L’univers rétro-futuriste très Art Nouveau dans lequel évoluent les personnages rappellera celui de « Réseau Bombyce » par exemple: des architectures imposantes alliant le fer et le verre et des teintes chaudes lumineuses dans le style de Cecil.
Avec la même aisance, Mottura parvient à rendre l’expressivité de ses personnages. Un ressort largement utilisé ici puisque globalement les dialogues sont peu nombreux et l’album joue surtout sur le comique de situation et visuel. A cet égard, le sketch de l’ascenseur dans lequel se succèdent jolies secrétaires parfumées, hommes d’affaires aux auréoles sous les bras et petites vieilles rabougries, est d’ailleurs très réussi.
On aime donc ce deuxième tome de « Carême » et on attend juste que les auteurs muscle un peu l’histoire pour le troisième tome.