CABOTO

Un album beau graphiquement mais à l’intérieur duquel on a un peu de mal à entrer à cause du choix narratif.

En 1526, Caboto qui sert la couronne d’Espagne dirige une expédition importante qui doit se rendre dans le Pacifique à la recherche des îles Moluques. Mais il change ses plans en vue des côtes américaines et décide d’explorer le Rio de la Plata, découvert par Diaz de Solis en 1516. Sur la foi des informations glanées auprès de survivants de l’expédition de Diaz de Solis, tué par des indiens, Caboto croit à la présence de grandes richesses à l’intérieur du pays et entreprend de remonter le Rio Paraguay.
Les historiens savent peu de chose de la vie de Sebastian Caboto – même l’orthographe de son nom n’est pas une certitude – , à la fois commerçant, cartographe, astronome et aventurier. Mattoti et Zentner ne prétendent pas nous livrer une biographie, juste l’histoire d’un voyage. Ils s’appuient sur ce qui est arrivé jusqu’à nous mais n’hésitent pas à ponctuer le récit de nombreux points d’interrogation. Et s’ils comblent parfois les zones d’ombres en imaginant les faits, ils prennent soin d’en informer le lecteur. « Raconter, ce n’est pas transmettre une vérité irréfutable. Raconter c’est toujours choisir une version », expliquent-ils.

Une intention louable qui aboutit à un album original. Mais, revers de la médaille, on a un peu de mal à entrer dans l’histoire, les commentaires nous ramenant toujours à la réalité, au travail de documentation des auteurs.

« Caboto » est toutefois un album d’une beauté incontestable. Chaque case est un véritable tableau où les couleurs explosent. D’ailleurs, les teintes chaudes et tranchées et les paysages aux formes schématisées ne sont pas sans évoquer le style expressionniste.

Des croquis de Lorenzo Mattotti, dessinateur et illustrateur, illustrent également la préface (inédite en français) écrite par Jorge Zentner et rajoutée dans cette réédition du « Voyage de Caboto », un album paru initialement en 1991 chez Albin Michel.

Casterman

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