BLECHKOLLER
Enfermement et folie au coeur d’un sous-marin pendant la Seconde guerre mondiale. Un huis-clos oppressant.
« Blechkoller », le terme est barbare mais désigne un état bien connu des équipages de sous-marins: la psychose provoquée par de longues périodes d’enfermement dans un environnement confiné. C’est dans une effet dans le huis clos d’un sous-marin que se déroule entièrement l’action. Nous sommes en pleine Seconde guerre mondiale et Erik Schultze, spécialisé en écoutes sonar et dans le déchiffrement de l’information, est à bord d’un U-966 allemand. Mais leur engin est coulé et deux hommes, dont Erik, sont repêchés par les Britanniques…
Se déroulant durant la guerre du côté allemand tout comme « Zigeuner » de Planellas et Legendre (l’histoire d’un boxeur tzigane dont le titre national déplaît au régime nazi), « Blechkoller » a lui aussi reçu un prix VSD de la BD (BD coup de coeur d’Antoine de Caunes, président du jury). Partant d’une réalité historique – les sous-marins U-Boot sont célèbres pour leurs campagnes et leurs techniques d’attaques de convois de ravitaillement partant des États-Unis et du Canada pour l’Europe – les deux jeunes auteurs espagnols réalisent surtout un récit intimiste à la limite du fantastique. Les visions cauchemardesques qui assaillent Erik sont-elles le fruit de l’imagination de son esprit malade ou sont-elles bien réelles? Toujours est-il que le récit peu bavard sombre inexorablement jusqu’au point de non-retour. A l’instar des marins, on assiste impuissant à ce qui se passe dans leur tombeau d’acier. Graphiquement, le résultat est réussi, la tension se lit sur les visages épuisés et les fantômes du passé aux membres démesurés et décharnés prennent forme sous le trait torturé de Javier Hernandez. Oppressant.