BEREZINA
200 ans après la retraite mortifère de la Grande Armée napoléonienne lors de sa campagne de Russie, Sylvain Tesson refait le voyage en side-car. Un road-trip mémoriel bien construit.
Sylvain Tesson aime la Russie et les défis. Et Virgile Dureuil aime visiblement adapter en bande dessinée les livres de cet écrivain voyageur. Après « Dans les forêts de Sibérie » où Tesson racontait son séjour hivernal passé seul dans une cabane au bord du Lac Baïkal, « Berezina » relate l’équipée de Tesson en side-car vintage sur les routes de Russie dans les traces de la retraite de la Grande Armée napoléonienne.
Victoire militaire, la bataille de la Bérézina en 1812 est pourtant considérée aujourd’hui comme un désastre national. Il faut dire qu’au cours de leurs longs mois de retraite et quelque 4.000 kilomètres avalés, les troupes de Napoléon (500.000 soldats lors du franchissement du Niémen) durent affronter les pires conditions – froid, faim, assauts répétés des ennemis, maladie -, à tel point qu’ils n’étaient plus que 40.000 à leur arrivée à Paris…
Dureuil raconte tout cela sans fard et avec moults détails. Son choix d’entremêler sans aucune transition les événements de 1812 au road-trip de 2012 était audacieux mais force est de constater qu’il ne nuit pas à la compréhension ni à la fluidité de la lecture. Intéressant historiquement, « Berezina » est également un vibrant hommage à la fidélité et l’héroïsme des soldats de Napoléon.
Dessinateur: Virgile Dureuil – Scénariste: Virgile Dureuil, d’après le roman de Sylvain Tesson – Editeur: Casterman – Prix: 20 euros.