AUTOMNE EN BAIE DE SOMME
Un riche industriel assassiné, une veuve héritière, une maîtresse. Une enquête policière ambiance Belle Epoque bien menée.
Quand le corps d’un riche industriel est découvert à bord d’une goélette échouée dans la baie de Somme, l’inspecteur Amaury Broyan soupçonne vite la veuve. Mais l’enquête révèle que l’homme vanté pour sa fibre sociale avait également une maîtresse, Axelle Valencourt, un modèle en vogue.
Avec son style art nouveau, la couverture attire l’oeil et les planches intérieures ne sont pas en reste. Le dessin au trait fin à l’aquarelle d’Alexis Chabert (« Taxi Molloy », « Bourbon street ») et ses couleurs directes au tons pastels donnent vie à d’élégantes silhouettes féminines, aux quartiers cossus de Paris, aux ateliers d’artistes, aux ruelles mal fâmées ou encore aux cabarets de la Butte Montmartre.
C’est à travers cet esthétisme de la Belle Epoque l’occasion de rendre hommage aux artistes de cette période, comme le pastelliste Henri Gervex ou le célèbre illustrateur tchécoslovaque Alfons Mucha, représentant majeur du style Art nouveau.
C’est aussi, derrière la délicatesse des planches, l’occasion pour Franck Pelaez (« Dans mon village on mangeait des chats », « Pinard de guerre ») d’évoquer la misère d’un monde ouvrier exploité et la difficile condition féminine. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs si chaque chapitre est lancé par des extraits de « Quelques lances rompues pour nos libertés « (1910), livre écrit par Nelly Roussel, féministe et fervente militante pour la contraception et l’éducation sexuelle des femmes.
Quant à l’intrigue policière proprement dite, elle est suffisamment imaginative pour parvenir à brouiller les pistes et réserver quelques surprises au lecteur.
Dessinateur: Alexis Chabert – Scénariste: Philippe Pelaez – Editeur: Grand Angle – Prix: 15,90 euros.