ATAR GULL, ou le destin d’un esclave modèle
Le parcours d’un guerrier africain vendu comme esclave. Un one-shot brut et puissant, montrant avec force l’atrocité de la traite des Africains.
Nous sommes au début du XIXe siècle, le commerce de « bois d’ébène » bat son plein. Un pirate s’empare d’un navire chargé d’esclaves dont Atar Gull, fier et solide guerrier de la tribu des Petits Namaquas. Commence alors un très long voyage dont bien peu verront le bout…
Des terres africaines aux colonies caribéennes, le voyage est long pour les marins, encore plus dans les soutes d’un négrier. Ce périple à la noirceur absolue ne nous épargne pas la violence et les cadavres. Les planches sont puissantes, le propos intelligent et documenté, les portraits féroces. Dans cette partie sur mer, Atar Gull n’est que peu visible. Il ne prend toute son importance que dans la seconde partie, une fois débarqué et acheté par le propriétaire d’une plantation aux Caraïbes. Là, même si le planteur est « humaniste », la vie des esclaves est à peine plus enviable. Sauf pour ceux qui comme Atar savent s’adapter et la jouer finement.
L’histoire, inspirée d’un roman méconnu d’Eugène Sue, est rythmée, riche en rebondissements et sans temps mort. Nury qui aime toujours autant nous offrir de féroces héros, met peu à peu en place les pièces du puzzle. Le trait anguleux et épais reconnaissable entre mille de Bruno sied à merveille à cette histoire, donnant encore plus de majesté à Atar, guerrier, fils de roi et esclave apparemment modèle. Les couleurs de Laurence Croix, participent elles aussi à l’intensité dramatique du récit.
Une édition limitée noir et blanc d’Avare Gull » est également disponible. Et une exposition de planches originales est visible à la galerie 9e Art à Paris (9 rue Crétet, IXe) jusqu’au 2 novembre 2011.
– Dargaud