ARTHUR CRAVAN
La vie mouvementée d’un poète boxeur aussi attachant qu’insupportable.
Il serait bien difficile de résumer en un mot Arthur Cravan, de son vrai nom Fabien Lloyd. Ce géant de deux mètres né en 1887 en Suisse – dont Jack Manini a eu envie de dresser le portrait en découvrant une photo de lui assis dans un fauteuil le regard pénétrant, portant chapeau melon et manteau à poils longs – est en effet un personnage incroyable, tout en démesure. Lui-même se présentait comme poète, boxeur, rat d’hôtel, muletier, aventurier, charmeur de serpents, marin sur le Pacifique, cueilleur d’oranges en Californie, chevalier d’industrie, neveu d’Oscar Wilde ou encore bûcheron dans les forêts géantes… Intellectuel, précurseur du mouvement dadaïste, il côtoya les plus grands artistes de l’époque, souvent passés d’ailleurs à la moulinette sans concession de ses critiques littéraires et artistiques.
On suit donc ce singulier voyageur de Paris à Mexico, en passant par l’Espagne et New York où il compte bien échapper à la Première Guerre mondiale. Le trait de Manini (« Tomoe », « SOS Lusitania ») est fluide et la narration agréable et bien rythmée, à l’instar de la courte vie de cet électron libre envoûtant à la fois insupportable et génial, escroc et séducteur. Ponctué par ses citations poétiques, l’album de quelque 200 pages redonnent vie ainsi de jolie manière à l’artiste.
Dessin et scénario: Jack Manini – Editeur: Bamboo, collection Grand Angle – Prix: 21,90 euros.