Regard socio-politique sur les Schtroumpfs
La société des petits lutins bleus de Peyo « est un archétype d’utopie totalitaire empreint de stalinisme et de nazisme » selon Antoine Buéno.
Les Schtroumpfs de Peyo ne seraient-ils finalement pas ces petits lutins bleus naïfs et rigolos qu’on imagine? Maître de conférence à l’Institut d’études politiques de Paris et romancier, Antoine Buéno publiera le 1er juin prochain un ouvrage qui met du plomb dans l’aile à cette image idyllique: dans « Le Petit Livre bleu » (Editions Hors Collection, 12,90 euros), il tente de démontrer que leur société « est un archétype d’utopie totalitaire empreint de stalinisme et de nazisme », même si, relève-t-il toutefois, « les Schtroumpfs reflèteraient plus l’esprit d’une époque que celui de leur créateur ». Pour preuves, selon lui: autarcique et collectiviste, cette société est dirigée par un chef omnipotent vêtu de rouge, le grand Schtroumpf; le blond aryen de la Schtroumpfette est idéalisé; quant au profil de Gargamel – dont le chat s’appelle Azraël – rappelle une caricature antisémite…
Interrogé par L’Express, Thierry Culliford qui a poursuivi l’oeuvre de son père après son décès en 1992 – n’est guère touché par cette analyse: Buéno « peut éplucher les albums comme il veut – même si je ne cautionne pas son interprétation, qui se situe entre le grotesque et le pas très sérieux – tant qu’il ne s’attaque pas mon père. »
Après « Tintin au Congo », faudra-t-il interdire l’oeuvre de Peyo?!