Lewis Trondheim, nouveau Grand Prix de la ville d’Angoulême
L’académie des Grands Prix a élu le prolifique et éclectique dessinateur et scénariste qui succède ainsi à Georges Wolinski, président de cette 33e édition.
« J’étais dans le train du retour quand on m’a appelé pour me dire que j’avais le Grand Prix et qu’il fallait revenir. J’ai hésité. Et puis je me suis dit: c’est comme un suppositoire, ça passe et demain ça ira mieux »…
Du coup, il était là à nouveau hier après-midi le nouveau Grand Prix de la ville d’Angoulême. Trondheim a été choisi par l’académie des Grands prix qui réunit tous ceux qui reçurent cette récompense suprême depuis la création du festival en 1974.
Alors heureux le Lewis Trondheim? Pas vraiment euphorique ni même particulièrement démonstratif, celui que l’on considère comme le chef de file de la nouvelle bande dessinée française a fait preuve de son habituel humour pince-sans-rire.
S’il reconnaît une certaine émotion à être « quasi le premier de sa génération à avoir le prix » (« Zep est plus jeune mais n’appartient pas au même mouvement » précise-t-il), Trondheim regrette que « le forcing de Michel-Edouard Leclerc pour que ce soit un scénariste qui obtienne le prix ait marché ».
En réalité, avec plus de 80 albums à son actif, Trondheim n’est pas que scénariste. Initiateur de la fameuse saga d’heroïc fantasy à tiroirs « Donjons », auteur des « Formidables aventures de Lapinot » et de nombreux albums pour la jeunesse (La série des « Monstreux »; « Le roi catastrophe », « Kaput et Zosky », etc), cofondateur avec Menu de la maison d’édition indépendante L’Association, Lewis Trondheim, 41 ans, est aujourd’hui directeur de la collection Shampooing chez Delcourt. Ce mois-ci, vient également de paraître « Celebritiz » (Dargaud) réalisé avec Ville Ranta au dessin.
Selon la tradition du festival d’Angoulême, en tant que Grand Prix, Trondheim sera président des festivités 2007. Une exposition devrait également lui être consacrée.
Reste à savoir de qui la présidence Trondheim sera la plus proche, de Boucq, président très impliqué, ou de Crumb, plus que transparent? Hier, lors de l’annonce de son élection du balcon des bureaux du FIBD, le nouveau président a en tout cas livré une partie de son programme: « Je souhaite d’abord proposer l’entrée gratuite au public. Ensuite les dessinateurs qui veulent dédicacer devront d’abord passer des tests de dessin; les scénaristes devront faire une dictée sans faute et les grands éditeurs réussir un test de culture générale ».
Et parce que le système de prix ne lui convient pas, pourquoi ne pas le modifier?: « J’en ai discuté avec Michel-Edouard Leclerc, je vais instaurer le Prix Carrefour pour la meilleure rencontre scénariste/dessinateur, le Prix Auchan pour la meilleure BD écolo, le Prix Mammouth pour les vieux dinosaures frustrés de la BD et le prix Casino pour le type très mauvais qui a eu un coup de bol! ».
Mais d’une grande lucidité, Lewis Trondheim le dit lui-même: « je ne suis pas sûre que ça passe! » Réponse en janvier 2007…