Grand Prix de la ville d’Angoulême 2016: une sélection 100% masculine!

Le 43e Festival a publié la liste des trente sélectionnés pour son Grand Prix. Et déclenche la polémique: la liste ne comporte aucune auteure de bande dessinée.

Le 43e Festival international de bande dessinée d’Angoulême (du 28 au 31 janvier 2016) vient de dévoiler la liste des 30 auteurs de bande dessinée en lice pour le Grand Prix de la ville d’Angoulême 2016 qui succédera à Katsuhiro Otomo et deviendra de fait président de l’édition 2017: Brian M.Bendis, Christian Binet, Christophe Blain, François Bourgeon, Charles Burns, Pierre Christin, Daniel Clowes, Richard Corben, Cosey, Etienne Davodeau, Nicolas de Crécy, Edika, Carlos Gimenez, Emmanuel Guibert, Hermann, Alejandro Jodorowsky, Stan Lee, Milo Manara, Taiyo Matsumoto, Lorenzo Mattoti, Frank Miller, Alan Moore, Quino, Riad Sattouf, Joann Sfar, Bill Sienkiewicz, Jiro Taniguchi, Naomi Urasawa, Jean Van Hamme et Chris Ware. Ces auteurs sont d’ores et déjà soumis au vote des auteurs professionnels de bande dessinée, inscrits par les maisons d’édition auprès de l’organisateur du Festival international de la bande dessinée. Il n’en restera que trois le 13 janvier, à l’issue des deux tours.

Des Européens, des Japonais, des Américains, etc… mais pas une seule femme dans cette liste de nominés! Dans le monde du 9e Art, le constat a immédiatement fait réagir alors que déjà l’an dernier, seule Marjane Satrapi avait eu l’honneur d’y figurer.

Le Collectif des créatrices de BD contre le sexisme, qui avait élaboré il y a quelques mois une charte pour dénoncer les aspects du sexisme dans le 9e Art, s’est aussitôt indigné de « cette discrimination évidente, cette négation totale de (leur) représentativité dans un médium qui compte de plus en plus de femmes ». (…) « On en revient à la notion de plafond de verre, toujours aussi désastreux : on nous tolère mais pas en haut de l’affiche » a dénoncé le collectif qui en appelle au boycott du Grand Prix 2016. Via son compte Facebook, Riad Sattouf a en signe de solidarité demandé à être retirer de la liste pour « céder sa place » à ses consoeurs, « en espérant toutefois pouvoir la réintégrer le jour où elle sera plus paritaire. (…) Cela me gêne, car il y a beaucoup de grandes artistes qui mériteraient d’y être », a-t-il expliqué.

« Elles ont raison. Maintenant qu’elles sont assez nombreuses pour s’unir, elles sont plus fortes pour réclamer une juste place. De mon temps je me suis tellement sentie seule. Le milieu est très masculin. C’est honteux que ces messieurs n’aient pas pensé à mettre des femmes dans leur sélection. Mais ce festival comme le milieu de la BD est tenu par des hommes, qui pensent qu’on n’y peut rien » a réagi sur France Inter Florence Cestac, seule femme depuis 1974 à avoir été élue Grand Prix en 2000. Claire Brétécher avait elle simplement reçu en 1983 un Grand prix spécial du 10e anniversaire.

Du côté du festival, on plaide cependant la bonne foi: « Ce Grand Prix récompense un auteur pour l’ensemble de son œuvre et sa carrière, or, l’histoire de la BD jusqu’aux années 80 est essentiellement d’obédience masculine. (…) On ne va pas instaurer des quotas. Le critère doit-il être absolument d’avoir des femmes ? Le Festival reflète la réalité de cet univers », a déclaré à Libération Franck Bondoux, le délégué général de la manifestation .

Un collectif des créatrices de BD contre le sexisme

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