Festival d’Angoulême: le coup de gueule de Trondheim

Le FIBD est perfectible. Petite liste de reproches et de propositions signée d’un des Grands Prix.

Lewis Trondheim vient de publier sur le blog Le comptoir de la BD du site du Monde, une longue lettre ouverte intitulée « Angoulême blême ou Angoulême je t’aime ».

Le père de « Lapinot » n’a pas la langue dans sa poche. On se souvient que le Grand Prix de la Ville d’Angoulême 2006 avait déjà à l’époque soutenu le départ de Jean-Marc Thévenet, directeur du Festival, et du groupe Leclerc l’un des principaux sponsors privés de la manifestation. Cette fois c’est toute une série de reproches que l’auteur de BD adresse au FIBD:

  • Une guéguerre perpétuelle: « Le maire d’Angoulême et le président du conseil général se tirent dans les pattes et renvoient dos à dos leurs soldats Cité et FIBD sans prendre en charge leurs vraies responsabilités, c’est-à-dire taper du poing sur la table et faire travailler tout le monde ensemble. »
  • Une incohérence des prix « parasités par des sous-prix pour faire plaisir aux sponsors. Nous avons maintenant le prix SNCF Polar. Pourquoi pas western, ou Science-Fiction? » s’interroge Trondheim qui souligne par exemple que recevoir le prix Fnac empêche de concourir dans la course au prix du meilleur album et que « faire un bon album jeunesse est aussi difficile que de faire un bon album tout court: pourquoi un jury différent ? ».
  • Un jury de Grands Prix ignorants de bien d’autres confrères: « J’ai honte d’arriver avant Munoz, avant Blutch, avant Spiegelman, avant Chris Ware, avant Bill Watterson, avant Otomo, Toriyama, Tatsumi, Binet, F’murrr, et bien d’autres… Quand je vois, lors des délibérations, que nombre de mes confrères ne connaissent pas la plupart de ces noms, ni leurs travaux, ni ne veulent entendre parler d’un auteur japonais, j’ai honte! »

Throndheim profite également de sa lettre ouverte pour faire des propositions:

  • Un Grand Prix désigné par tous les auteurs, directement ou via une « short-list de trois noms ».
  • « On arrête les prix sponsors et on intègre le prix jeunesse ou « tout public » à la sélection. » En échange, les sponsors seraient « clairement sponsors des expositions et/ou concerts, etc. »
  • L’abandon des bulles et l’accueil des stands de dédicaces dans des infrastructures solides existantes comme le bâtiment Castro ou le musée de la BD. Trondheim propose l’accès gratuit aux dédicaces mais seuls les livres achetés sur place seraient « dédicaçables ».
  • « L’arrêt des stands éditeurs à l’ancienne », une seule librairie (celle du musée?) s’occupant de tous les auteurs.

Lewis Trondheim sera-t-il entendu sur l’une ou l’autre de ces propositions?

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