Festival d’Angoulême 2022: Pénélope Bagieu, Catherine Meurisse et Julie Doucet en lice pour le Grand Prix

Les auteurs de BD étaient appelés à voter pour le premier tour. Ils ont choisi un trio exclusivement féminin, une première.

Qui succèdera à Chris Ware, élu Grand Prix du 48e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême? L’Américain désigné par ses pairs avait alors été préféré à Pénélope Bagieu et Catherine Meurisse. Deux auteures nominées encore cette année par la communauté d’auteurs de BD appelée à voter au 1er tour du 21 au 27 février 2022. Julie Doucet vient compléter la liste. C’est la première fois dans l’histoire du Grand Prix du festival que le trio en lice est exclusivement féminin. Le second tour se déroulera du 2 au 8 mars 2022. La lauréate sera celle qui aura obtenu le nombre de votes le plus élevé. Le nom du nouveau Grand Prix sera annoncé le 16 mars 2022.

Pénélope Bagieu est née en 1982, à Paris. Après des études aux Arts déco de Paris, puis à la Central Saint Martins de Londres, elle crée en 2007 « Ma vie est tout à fait fascinante », un blog dessiné où elle expose la vie quotidienne d’une jeune parisienne avec un humour et une grâce qui font mouche.
Le succès se prolonge rapidement en librairie. Elle imagine les aventures de Joséphine, dessine pour la presse et la publicité. Elle signe un premier long récit avec « Cadavre exquis », en 2010, puis une première biographie avec « California Dreamin' » (Harvey Award 2018).
En 2016, la dimension féministe de son travail prend une nouvelle ampleur avec la publication de portraits de femmes sous le titre « Culottées ». Le succès est retentissant. Traduits en 20 langues et couronnés d’un Eisner Award en 2019, les deux volumes de « Culottées » sont aussi adaptés en version animée par France Télévisions.
En 2020, l’autrice signe pour la première fois une bande dessinée pour les enfants en adaptant le roman de Roald Dahl, « Sacrées Sorcières » et s’attaque en 2022 à une première autobiographie avec « Les Strates ».

Julie Doucet est née en 1965 à Montréal. Après avoir étudié les arts plastiques au Cégep du Vieux Montréal au début des années 1980, elle s’inscrit à l’Université du Québec à Montréal, où elle complète un certificat en arts d’impression. Au cours de ses études, elle découvre la bande dessinée et commence à publier un fanzine photocopié : Dirty plotte, dans lequel elle documente en français et en anglais sa vie quotidienne, ses rêves, ses angoisses. Le titre est repris en 1991 par l’éditeur Drawn & Quarterly à Montréal qui les publie.
Après avoir vécu à New-York, Seattle et Berlin, Julie Doucet est retournée à Montréal où elle vit et travaille, opérant désormais dans un champ plus proche des arts graphiques (collage, poésie, roman-photo). Ses travaux, qu’elle édite en tirage limité en sérigraphie, sont parfois publiés par Drawn & Quarterly. L’essayiste Anne-Elizabeth Moore a publié en 2018 une étude sur l’œuvre de Julie Doucet (« Sweet Little Cunt: The Graphic Work of Julie Doucet »), qu’elle perçoit comme précurseure d’un nouveau féminisme en bande dessinée.

Catherine Meurisse est née en 1980. Après un cursus de lettres modernes, elle fait ses études à l’école Estienne puis à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs à Paris. Dessinatrice, autrice, caricaturiste, reporter et illustratrice d’albums pour la jeunesse, Catherine Meurisse est une artiste prolixe. Aiguisant son regard et son trait pendant quinze ans dans de nombreux titres de presse (Le Monde, Libération, Les Échos, L’Obs…) et plus particulièrement à Charlie Hebdo, elle réalise des bandes dessinées où l’esprit de sérieux n’a pas sa place.
Après « Mes Hommes de lettres », « Le Pont des arts » (Sarbacane), « Moderne Olympia » (Futuropolis) et « Drôles de femmes » (Dargaud, avec Julie Birmant), elle publie en 2016 « La Légèreté », récit bouleversant de son retour à la vie, au dessin et à la mémoire, après l’attentat contre Charlie Hebdo auquel elle a échappé. Après l’effronté « Scènes de la vie hormonale » paraît « Les Grands Espaces » (Dargaud), évocation de son enfance à la campagne, où se mêlent souvenirs savoureux et conscience esthétique et politique du paysage rural. En 2019, elle publie « Delacroix », adaptation graphique toute personnelle des mémoires d’Alexandre Dumas, grand ami du peintre Eugène Delacroix.
Son nouvel album, « La Jeune Femme et la Mer » interroge la place de l’Homme dans la nature et le recours à l’art pour saisir les paysages qui disparaissent. En 2020, année où une grande rétrospective lui est consacrée à la BPI du Centre Pompidou, Catherine Meurisse devient la première autrice de bande dessinée membre de l’Académie des beaux-arts.

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