Décès de Madeleine Riffaud
La résistante, poétesse, écrivaine, journaliste et scénariste de bande dessinée avait 100 ans.
Les éditions Dupuis viennent d’annoncer la mort de Madeleine Riffaud à Paris, ce 6 novembre 2024. Résistante, poète et journaliste française, elle est également, avec Andrée Viollis, l’une des premières correspondantes de guerre françaises et l’une des premières militantes anticolonialistes.
Madeleine Riffaud est encore mineure quand elle arrive à Paris et rejoint un réseau de résistants étudiants. En 1944, elle rejoint la lutte armée et obéit aux ordres : on prépare des débarquements, il est nécessaire d’intensifier les actions contre l’occupant. Capturée, torturée, plusieurs fois condamnée à mort, elle sera de retour à temps pour se battre aux côtés de ses hommes et libérer la capitale. Après la Libération, elle rencontre Vercors, Pablo Picasso, qui dessinera son portrait, et surtout, Paul Éluard avec qui elle nouera une formidable amitié. Impressionné par son talent littéraire, il l’encourage à écrire. Elle publie des recueils de poèmes et enchaîne les collaborations avec plusieurs journaux.
Sa rencontre avec Hô Chi Minh et un premier départ pour Hanoï détermineront son avenir de reporter de guerre. Dénoncer le colonialisme, chercher l’esprit de résistance dans les maquis du monde entier, raconter leur lutte pour la liberté : elle couvrira notamment la guerre d’Algérie (où elle sera victime d’un attentat organisé par l’OAS) et la guerre du Vietnam dans les maquis Vietcong, sous les bombes américaines.
De retour à Paris dans les années 70, elle choisit de travailler incognito comme fille de salle dans un hôpital. Elle partage alors le quotidien des infirmières, des aides-soignantes, des agents d’entretien. Dans son best-seller, « Les Linges de la Nuit », elle raconte les dangers qui guettent l’hôpital public et leurs conditions de travail révoltantes.
Sur le tard, à 97 ans, elle livre ses secrets en bande dessinée. Le 23 août 2024, jour de ses 100 ans, Madeleine Riffaud a publié le troisième et dernier tome de « Madeleine, résistante » (éd Dupuis), ses mémoires de guerre en bande dessinée, avec Dominique Bertail au dessin, et Jean-David Morvan au scénario. Un album nommé dans la catégorie « Prix de la Bande Dessinée » du prix Historia 2024.
Dans un communiqué joint avec la traductrice Éloïse de la Maison et le sociologue du travail Philippe Denimal, Jean-David Morvan a salué son « formidable talent de conteuse doublé d’un sens aigu de la formule. Elle était une femme exceptionnelle qui n’aimait pas beaucoup qu’on lui dise. »