Bandes dessinées 2016 : « l’année de la stabilisation »
Le rapport annuel de l’ACBD note que la production de bandes dessinées a été sensiblement la même que celle de l’année précédente.
Le traditionnel rapport annuel de Gilles Ratier, est tombé pour l’année 2015. « L’année de la stabilisation » selon le secrétaire général de l’Association des critiques de bandes dessinées (ACBD) qui note que les acteurs du 9e art « ont su trouver un rythme de production, ainsi que des politiques éditoriales efficaces, dans un monde en constante mutation économique et artistique ».
Production. 5.305 livres de bande dessinée ont été publiés en 2016 dans les librairies francophones ou via Internet: c’est +0,9% par rapport à 2015 (contre -2,9% l’an dernier). L’offre éditoriale se stabilise donc au-dessus de la barre symbolique des 5.000 publications. Sur ce nombre, 3.988 sont de strictes nouveautés mais 57,9% d’entre elles sont des traductions d’oeuvres achetées à l’étranger et 4,2% sont des reprises datant de plus de vingt ans, lesquelles n’avaient jamais été compilées sous forme de livres auparavant. Les séries asiatiques forment le genre principal des nouveautés parues (avec 1.575 mangas, manhwas, manhuas et assimilés), suivies des BD franco-belges (1.558 titres), des comics (494 titres) et des romans graphiques (361 livres).
Edition. 384 éditeurs occupent le marché du 9e art en 2015, contre 368 en 2015. Un chiffre qui cache une réalité : 123 éditeurs ont abandonné la production de BD en 2015 et Média-Participations, Delcourt et Glénat totalisent, à eux seuls, 34,2% de la production.
Evaluation. Supérieures à la moyenne de l’ensemble du marché du livre, les ventes en valeur ont progressé d’environ 0,5% sur les neuf premiers mois de 2016 mais seuls quelques titres réalisent l’essentiel du chiffre d’affaires dans ce secteur. Les tirages initiaux de la plupart des 95 principaux best-sellers de l’année sont d’ailleurs eux aussi en baisse. En tête, des titres tirés à plus de 50.000 exemplaires : « Lucky Luke » T7 (500.000 exemplaires), « Blake et Mortimer » T24 (400.000 ex.), « Lou ! » T7 (320.000 ex.), « L’Arabe du futur » (220.000 ex.), « Les Légendaires » T19 (200.000 ex.), « Thorgal » T35 (200.000 ex.), « XIII » T24 (200.000 ex.), « Les Carnets de Cerise » T4 (155.000 ex.), « Les Sisters » T11 (150.000 ex.) et « Seuls » T10 (150.000 ex.)… Du côté des comics, les tomes 25 et 26 de « Walking Dead » ont été tirés à 100.000 exemplaires. Quant aux mangas, les habituelles vedettes -« Naruto » (150.000 ex. pour le tome 70), « One Piece », « Fairy Tail » – doivent faire face à l’arrivée d’imposants nouveaux blockbusters comme « OnePunch Man » (265.000 ex. pour le T1), « My Hero Academia » (110.00 ex.) ou « Platinum End » (95.000 ex.).
Réédition. 2016 enregistre 964 reprises d’albums ou intégrales (960 en 2015), soit une stabilisation de l’exploitation du secteur patrimonial également ; seul augmente le nombre des reprises de héros d’autrefois, avec 57 séries qui se perpétuent au-delà des disparitions ou de l’abandon par leurs créateurs.
Information. L’information, l’histoire et la critique de bande dessinée intéressent toujours une certaine partie du lectorat, puisqu’il existe encore, en 2016, 24 revues papier, 44 sites spécialisés et 87 ouvrages d’études spécialisées sur le 9e art.
Mutation. Malgré un catalogue de plus en plus complet et des offres attrayantes (80% des nouveautés et 70% du fonds récent sont désormais accessibles en version digitale), l’ensemble du marché du numérique n’arrive toujours pas à convaincre un large public. Les publications papier de blogs de bandes dessinées sont par ailleurs en diminution: on n’en a dénombré que 71 en 2016, contre 90 l’an passé.
Création. En ayant au moins trois albums disponibles au catalogue d’éditeurs bien implantés et un contrat en cours ou un emploi régulier dans la presse ou l’illustration, 1.419 auteurs réussiraient encore à vivre de la création de bandes dessinées sur le territoire francophone européen (ils étaient 1.399 en 2015), alors que 1.597 dessinateurs ou scénaristes ont pourtant réussi à publier au moins 1 album en 2016, contre 1.602 l’an dernier.
L’intégralité du rapport, enrichi de nombreux tableaux, est disponible sur le site de l’ACBD.