Fabcaro : « Bernardo ou le sergent Garcia sont de vrais cadeaux »

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Grâce à des personnages secondaires succulents et un ton résolument burlesque, Z comme Don Diego offre une nouvelle jeunesse au justicier masqué. Rencontre avec Don Elscénaristo.

Cet album aurait très bien pu fonctionner avec Batman ou Spiderman. Alors, pourquoi Zorro ?
Fabcaro. Parce qu’il y a aussi tout l’aspect anachronismes qui m’attirait. Jouer avec les codes actuels, mais transposés à l’époque de Zorro ajoute une dimension burlesque.
Et puis dans « Zorro », les faire-valoir (Bernardo, le sergent Garcia…) sont de vraies perles, des vrais cadeaux pour scénaristes. Il n’y a pas de telles pépites dans « Superman » ou « Batman ».

Votre « Zorro » de référence, c’est plutôt Guy Williams (série télé), Alain Delon ou Antonio Banderas ?
F. Guy Williams ! Le seul, le vrai ! Celui qui a bercé mon enfance.

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Puisque l’on parle de Don Diego, je ne peux m’empêcher de penser à Diego Aranega en lisant « Z comme don Diego ». Est-ce une influence ?
F. J’aime beaucoup Diego Aranega mais je l’ai découvert assez tard. Mes influences, j’irais les chercher plus loin dans le temps, dans le Fluide Glacial des années 80 que je lisais ado, avec entre autres des gens comme Gotlib, Edika ou Goossens.

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Les gags qui jouent avec la surdité de Bernardo vont immanquablement penser au sketch des Nuls. Est-ce une référence en matière d’humour pour vous ?
F. Bien sûr, j’adore les Nuls. Ça a dû forcément me marquer. Et dans la même veine, j’ai dû être aussi influencé par l’univers des ZAZ, pas la chanteuse, les réalisateurs Zucker-Abraham-Zucker. Et puis, plus tard, par les Monty Python.

Est-ce que chaque strip doit forcément être drôle ou est-ce que certains peuvent être juste utilisés pour faire avancer le récit ?
F. Voilà, c’est exactement ça. Il y a deux types de demi-pages, celles qui fonctionnent d’elles-mêmes, où le gag est « tout terrain », puisqu’il fonctionne indépendamment de l’histoire. Et puis il y a celles que je qualifie de « fonctionnelles », qui sont là pour faire avancer, pour faire lien, pour cimenter l’histoire. Mais je m’efforce qu’elles soient aussi un peu drôles et qu’on ne voie pas trop le côté « charpente ».

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Je trouve que vos strips fonctionnent mieux en album que publié séparément comme actuellement dans la page Facebook de Dargaud…
F. Oui, je suis d’accord, ça fonctionne mieux en album, car même si j’ai avancé dans le désordre en improvisant beaucoup, je n’ai jamais perdu de vue qu’au final, il fallait que je retombe sur mes pieds pour que le tout forme une histoire. Certaines demi-pages ne fonctionnent pas de manière isolée, elles ne fonctionnent que dans un contexte précis. C’est pensé certes comme une suite de gags, mais avec une progression logique.

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Comment vous est venue l’excellente idée de ces patronymes très explicites comme Don Elméchanto ou Don Elgentillo ?
F. À l’image de la série d’origine, j’avais envie de quelque chose de très manichéen où les bons et les méchants soient identifiés d’emblée, donc quoi de plus simple (et accessoirement de plus burlesque) que ce soit ouvertement dit dans leurs noms…

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Le communiqué de presse annonce deux albums par an. Est-ce que vous n’avez pas peur de vous essouffler ?
F. Je ne pensais pas partir sur plusieurs volumes au départ, mais je suis en train d’écrire le tome 2. J’en suis aux deux tiers. De manière générale dans mon travail, j’ai très peur de me répéter, c’est un truc qui m’angoisse. Donc pour le tome 2, pour éviter de tomber dans les mêmes tics de gags, je pars sur une nouvelle histoire et décale encore plus le propos. Avec cette série, je peux aborder tous les sujets, c’est ça qui est drôle, passer des sujets très actuels au filtre Zorro. Quant aux autres tomes, s’il y en a, on verra au fur et à mesure, je ne réfléchis pas à l’avance, j’improvise énormément, c’est le seul moyen de garder l’excitation intacte.

Propos recueillis par Emmanuel LAFROGNE

« Z comme Don Diego » (tome 1. « Coup de foudre à l’hacienda ») par Fabcaro et Fabrice Erre. Dargaud. 10,60 euros.

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