Tebo: « Le Mickey le plus drôle »
De toutes les adaptations de Mickey parues ces derniers mois aux éditions Glénat, celle de Tebo est incontestablement la plus drôle. « La jeunesse de Mickey » est un album aux dessins très cartoon et aux dialogues baignés d’une délicieuse impertinence.
Le choix des histoires courtes, c’est pour pouvoir raconter des histoires dans des univers aussi variés que le Far West, la Première Guerre mondiale 1ou l’espace ?
Tebo. Avec ce format, on va direct sur le sujet qui nous intéresse. Et j’avais plusieurs sujets qui m’intéressaient ! Pour moi, Mickey représente l’Amérique, donc je voulais lui faire vivre des aventures pendant les grandes dates de ce pays comme la Ruée vers l’or et la course aux étoiles. Je voulais aussi absolument raconter des histoires dans des périodes peu exploitées dans Mickey: la Première Guerre mondiale, la prohibition et l’esclavage. Je ne voulais pas non plus faire un livre trop historique et que les propos soient trop sombres. Cela devait être drôle. Pour la Première Guerre mondiale, Mickey est pacifiste et quand il combat ses ennemis, il utilise des bombes à la farine. Pour l’esclavage, ce sont les chats qui exploitent les souris. Enfin, pour la prohibition, j’ai remplacé l’alcool par du chocolat. Vu que le président s’est brulé avec du chocolat bouillant, comme tout le monde se moque de lui, il l’interdit dans tout le pays.
Il existe cependant un fil conducteur entre ces cinq histoires avec cette idée de transmission entre Pépé Mickey et son arrière-petit-neveu. C’est aussi un peu l’idée de cette collection de « transmettre » Mickey aux plus jeunes ?
T. Je ne suis pas sûr que ce soit l’idée première de cette collection. À la base, c’était juste un rêve de mon éditeur, Jacques Glénat, de publier du Mickey à la sauce franco-belge. En tant qu’auteur, j’adore faire des petites histoires, mais en tant que lecteur, je suis un peu moins fan. Il fallait que je trouve un fil rouge, un lien entre chaque chapitre. L’idée de mettre en scène Mickey qui raconte ses exploits m’est venue très rapidement et pour que ce soit un peu plus original, je l’ai fait vieux, je l’ai appelé pépé Mickey et je lui ai collé un arrière petit neveu du nom de Norbert. Ensemble, ils vivent une relation que j’ai vécue avec ma grand-mère qui me racontait des anecdotes sur sa jeunesse. Elle était née en 1909, donc elle en avait pas mal à me raconter. Mes histoires de Mickey étaient bourrées d’action. En faisant intervenir pépé Mickey et Norbert, je pouvais ralentir le rythme et mettre des dialogues rigolos. Norbert n’écoute pas bien sagement son arrière grand-oncle, il intervient et met en doute le récit comme moi avec ma grand-mère. Petit à petit, de spectateur, Norbert devient acteur, il commence aussi à vivre des mini-aventures. L’épilogue conclut bien cet état d’esprit. Grâce à cette relation, les cinq petites histoires en forment une grande!
Contrairement aux autres dessinateurs de cette collection, votre Mickey s’éloigne des standards. Pourquoi l’avoir ainsi un peu modernisé ? Est-ce qu’il a été difficile à créer ?
T. Mickey a la même morphologie que « Samson et Néon », ma première série. C’est beaucoup plus simple pour moi de faire des petits personnages que Captain Biceps, qui est pénible à mettre en scène dans une case avec sa petite tête et ses gros poings. Concernant Mickey, je pensais l’avoir maîtrisé dès le premier dessin… Quelle erreur ! Plus je le dessinais, moins il me plaisait. Je devenais fou ! J’ai dû dessiner des centaines de Mickey dans toutes les positions et avec une multitude d’expressions pendant deux mois avant de commencer ma première planche.
Chaque histoire comporte au moins une grande et magnifique double page. Est-ce une respiration dans un récit très rythmé ou simplement un plaisir personnel ?
T. Jacques Glénat nous a laissé carte blanche sur le format et le nombre de pages. Quand j’écrivais et storyboardais « Alice au pays des singes » pour Keramidas, je lui mettais plein de grandes cases pour qu’il puisse s’éclater. J’en étais jaloux, car j’aurais adoré être dessinateur sur cette série juste pour ces grandes scènes. Donc, avant même d’écrire la moindre ligne sur Mickey, je savais qu’il allait y avoir des grandes illustrations sur des doubles pages. J’ai écrit la première histoire de Mickey, où il est cowboy, juste pour pouvoir dessiner la double page du train qui tombe d’une falaise! C’est une des raisons pour lesquelles j’adore dessiner mes propres scénarios.
Votre Mickey est certainement beaucoup plus drôle que son modèle et notamment grâce aux dialogues. Vous aviez envie d’en faire une vraie série d’humour ?
T. Je suis tombé dans la marmite « BD d’humour » quand j’étais petit et j’ai bien du mal à en sortir. Il était donc évident pour moi que si je faisais un Mickey, il devait être le plus drôle de l’univers. Mais promis, quand je serai adulte, je ferai de la BD sérieuse.
L’épilogue annonce un tome 2 ?
T. L’épilogue veut plutôt à forcer le lecteur à imaginer la suite… mais il n’est pas dit que je ne fasse pas un tome 2. J’ai déjà plein d’idées ! Reste à voir si elles tiennent la route…
Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)
« La jeunesse de Mickey » par Tebo. Glénat. 17 euros.