Simon Treins: «Une hypothèse sur l’attentat du Petit-Clamart»

L’attentat du Petit-Clamart contre le général De Gaule n’a pas été fomenté par l’OAS. Simon Treins en est persuadé. Ses nombreuses lectures lui permettent d’émettre une autre hypothèse développée dans ce passionnant thriller politique «Tuez De Gaulle», prévu en deux tomes.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire sur ces tentatives d’assassinat de De Gaulle?
Simon Treins.
On peut dire que le point de départ a été mon amitié avec Constantin Melnick, aujourd’hui décédé, qui était le conseiller technique du Premier ministre Michel Debré. Il m’avait parlé de tout cela et ça avait attiré mon attention. Ça remonte quand même à trente ans (sourire). C’est aussi une période qui m’intéresse. A ma grande surprise, j’ai découvert que Boucq venait de sortir un album splendide (« Un Général, des généraux ») sur les événements de 1958. « Tuez De Gaulle » s’intéresse à un autre épisode avec l’attentat du Petit-Clamart. J’avais un peu envie de raconter la face cachée du gaullisme.

En quatrième couverture, on peut lire «une histoire vraie que personne ne connait totalement encore aujourd’hui». Cela veut dire que vous avez dû extrapoler certains faits?
S.T.
Je n’ai pas extrapolé, mais j’ai pris des directions qui ne sont pas prouvées. Tous les faits sont vrais. En revanche, leurs conséquences sont un point de vue qui n’a pas été développé dans l’histoire officielle. On lit partout que Bastien-Thiry était membre de l’OAS alors que c’est faux. Il l’a toujours démenti même durant son procès. On sait aussi que le mystérieux colonel Blanche, qui a mis en relation Bastien-Thiry avec les autres membres du commando, était pour l’Algérie française mais n’a pas été spécifiquement envoyé en France par l’OAS pour commettre des attentats. Ce n’était donc pas un attentat commandité par l’organisation clandestine.

Cela veut dire que vous avez enquêté pour vous forger un intime conviction sur cette affaire?
S.T.
J’ai surtout lu beaucoup. On parle de l’attentat du Petit-Clamart dans des dizaines de publications. Il n’existe pas de thèse officielle mais des pistes disséminées dans différents livres et revues. J’ai essayé de recouper tout cela pour émettre une hypothèse. Mais, ce n’est qu’une hypothèse. On apprendra un jour qui a fomenté l’attentat le plus sérieux contre le Général De Gaulle mais curieusement on ne le sait pas encore vraiment aujourd’hui.

Le dossier de presse parle d’une version française des «3 jours du Condor»…
S.T.
C’est bien trouvé de la part de Delcourt car cela s’inspire en effet de toute la tradition de films hollywoodiens sur les complots, les manipulations politiques ou les attentats. Le Petit-Clamart se déroule deux ans avant l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy et l’une des thèses est que son assassin était un ancien de l’OAS. On retrouve donc des liens durant cette période. Je suis d’ailleurs persuadé que les Américains sont «présents» dans l’attentat du Petit-Clamart. Quand Bastien-Thiry était emprisonné et avant qu’il ne soit condamné à mort, des officiels américains ont contacté son épouse. Ils voulaient leur offrir une place aux Etats-Unis à la libération de Bastien-Thiry et ce n’était pas pour ses compétences, pourtant bien réelles, en aéronautique. On s’est toujours demandé pourquoi ils voulaient le récupérer.

Vous avez travaillé avec Munch, un dessinateur serbe. Est-ce que vous avez été obligé de davantage communiquer avec lui pour l’aider à s’imprégner de la France des années 60?
S.T.
Pas du tout. Munch m’a contacté pour que l’on travaille ensemble. Je lui ai proposé cette idée et il m’a répondu qu’il connaissait bien cette période. Je pense que c’était sincère. Il m’a aussitôt parlé de la DS trouée de balles avec les quatre pneus à plat qui continuait à rouler grâce à sa suspension. La fiabilité Citroën a traversé les années, y compris en Serbie. Munch m’a même surpris au niveau des costumes, des armes ou des décors, car il connaissait parfaitement son sujet. Notre collaboration s’est déroulée de façon esquisse. Je n’avais quasiment jamais rien à redire sur ses planches.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

«Tuez De Gaulle», tome 1. Par Simon Treins et Munch. Delcourt. 14,95 euros.

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