Pourquoi Spirou?
C’est la question que nous avons posée à cinq auteurs publiés dans « La Galerie des Illustres », superbe ouvrage de 400 pages rendant hommage à l’univers de Spirou.
– DENIS BAJRAM
« Parce que je suis un lecteur de comics ? Et que Spirou est un des seuls personnages franco-belges qui, depuis ses débuts, est passé de main en main comme c’est le cas pour les super héros américains ? Que grâce à ça, je l’ai découvert, enfant, à la bibliothèque de mon école sous les crayons de Fournier ? Que je l’ai redécouvert adolescent avec le Virus de Tome et Janry ? Et qu’adulte j’ai fini par lire ceux de Franquin ? Que grâce à ça, ma génération d’auteur a pu s’en emparer ? Qu’à part Franquin, que je n’ai pas connu, j’ai eu la chance depuis de fréquenter, voire de me lier d’amitié avec la plupart de ses auteurs ? Ou serait-ce juste parce que je n’ai pas résisté au regard humide de Frédéric Niffle ? »
– RUDY SPIESSERT
« Parce que dans « QRN sur Bretzelburg », le Marsupilami a une radio dans le nez qui joue du Boby Lapointe à fond. Et qu’il me suffit de penser à ça pour rire tout seul, même dans les jours tristes. »
–
JEAN-CLAUDE MEZIERES
« D’abord parce que quand j’étais gamin, ce sont les histoires de Spirou de Franquin qui m’ont passionné en tant que lecteur du journal et très jeune dessinateur débutant. Une fabuleuse immersion dans un monde imaginaire et possiblement réaliste de modernité. Spirou, c’était le balancement des années cinquante entre passéisme quasi début du XXe siècle et bouffées de modernité dans l’esthétique des bâtiments modernes, de la décoration intérieure, des voitures et de la « presque » science-fiction. Graphiquement, Franquin me comblait. Le dynamisme, la précision du dessin, l’humour et l’exotisme de ses histoires, c’est ce que je trouvais chez lui et dans aucune autre histoire dessinée. Les influences parallèles de ses amis dessinateurs, les fabuleux Jijé et Morris, complétaient idéalement ma lecture du Spirou hebdomadaire. Le reste m’était assez indifférent, pour ne pas dire frustrant. J’avais quand même bon gout quand j’étais petit ! »
– ÉTIENNE LÉCROART
« Parce que Gaston Lagaffe était le plus fort, le plus inventif, le plus bizarrement normal des héros de mon enfance. Parce que le Journal de Spirou a toujours su laisser la place à des bandes dessinées hors normes et décalées : le Trombone illustré, les minis-récits, les numéros spéciaux, Tom Carbone, Le figurant, Eddy Tôt, Jacques le petit lézard géant, etc… »
– NICOLAS MALFIN
« Parce que je savais qu’en ouvrant un album de Spirou, j’allais plonger dans une formidable aventure, pleine de rebondissements. Le premier Spirou que j’ai lu était Le Repaire de la murène de Franquin. Il reste mon album fétiche. Parmi tous les autres, j’ai aimé les albums de Fournier, mais surtout ceux de Tome et Janry. Parce que chaque album était un vrai voyage mêlant mystère, sciences et action, un cocktail gagnant pour l’aventurier que je rêvais d’être. Je découvrais chaque histoire dans le Journal de Spirou. Mes coups de cœur vont aux albums « Virus », « La vallée des bannis » et surtout à « L’horloger de la comète ». Le comte de Champignac est un de mes personnages préférés de Spirou, toutes ses inventions scientifiques, parfois complètement loufoques, sont géniales.
C’est un personnage plein d’énergie, d’enthousiasme et de passion. Je l’ai donc pris, du moins son descendant, Aurélien, dans l’album « L’horloger de la comète », pour écrire ma planche de « La galerie des illustres ». Je voulais rendre hommage à ce personnage passionné en reprenant la machine à explorer le temps. Et à une autre série que j’ai découvert dans le Journal de Spirou: « Les Tuniques Bleues… »
Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)
« La galerie des illustres », collectif. Dupuis. 45 euros.