Loïc Clément: «Il n’y a rien de plus beau que le pixel art»
Les fans de retrogaming vont être (presque) aussi heureux que le jour où ils ont reçu leur console Atari ou Nintendo. «Super Pixel Boy» est de retour pour de nouvelles aventures à l’époque des jeux vidéo 16 bits. L’occasion de parler de pixel art, de Super Nintendo et de Dorothée avec son scénariste Loïc Clément.
Raconter vos souvenirs d’enfance à travers votre passion pour les jeux vidéo a été une évidence pour vous?
Loïc Clément. Je tournais autour de cette idée depuis longtemps. J’étais certain qu’on pouvait aborder sincèrement ce thème et y mêler de la fiction et de l’intime. Ça a été fait admirablement en manga par Rensuke Oshikiri et la rencontre avec Boris a été l’occasion de concrétiser cette envie.
Avez-vous cherché à aller au-delà de la fibre nostalgique afin de toucher aussi un public plus jeune?
L.C. Je ne suis jamais en quête de nostalgie dans la BD. Je parle seulement de l’époque où j’étais enfant mais sans rien glorifier non plus. Je suis même souvent moqueur sur ces années-là. Pour le public plus jeune, je constate un lien intergénérationnel évident. En dédicace, nous avons les enfants qui viennent avec les parents qui leur ont fait découvrir les jeux de leur époque. En outre, nombre de licences ont passé l’épreuve du temps (« Zelda », « Mario », « Tortues Ninja », « Dragon Ball », « Batman »…) donc le lien est tout trouvé. Toujours est-il que « Super Pixel Boy » est avant tout réalisé pour les amoureux du jeu vidéo.
Avez-vous rejoué à « Golden Axe » et « Duck Hunt » ou avez-vous préféré vous contenter de vos souvenirs pour ne pas être déçu?
L.C. Boris finit chacun des jeux abordés et, si de mon côté je n’ai pas cette abnégation jusqu’au-boutiste, je rejoue bien à chaque soft abordé.
Le retrogaming compte de nombreux fans. Comment expliquez-vous cet engouement?
L.C. Je suis retro gamer parce que l’esthétique pixel m’enchante au plus haut point. Pour moi, il n’y a rien de plus beau. C’est évocateur et ça laisse la place à l’imagination. J’ai revendu les trois quarts de ma collection retrogaming mais il doit me rester à ce jour entre 400 et 500 jeux NES / GB et Super Nintendo, ce qui laisse encore de quoi jouer. A mon avis, cet engouement s’explique parce que les gens ont envie de se tourner vers les objets qui les renvoient à une époque où tout leur paraissait plus simple.
« Super Pixel Boy » est aussi bourré d’humour grâce à un nombre incalculable de références à la pop culture des années 80. On imagine que vous avez pris beaucoup de plaisir à les écrire?
L.C. Je suis une véritable éponge et ça me fait plaisir d’être payé pour sortir toutes les bêtises que j’ai emmagasiné enfant devant mon écran télé. Avoir comme coach de séduction Framboisier et comme nounou Dorothée, ou regarder des films d’horreur avec des grands parents irresponsables alors qu’on a tout juste 7 ans, c’est une certaine idée de l’éducation… Parfois, je me dis que je m’en suis pas si mal sorti compte tenu de cette enfance déviante.
Boris Mirroir a dû aussi beaucoup s’amuser à retranscrire les jeux vidéo en 8 ou 16 bit…
L.C. S’amuser je ne sais pas mais je crois bien qu’il prend du plaisir en dépit de l’importante charge de travail que représente le pixel art. Pour le coup, je n’aurais pu faire cette série avec personne d’autre. Nous ne partageons pas forcément les mêmes souvenirs mais nous partageons un amour commun pour ce média qui nous est cher.
La couverture de « Super Pixel Boy » est incroyable avec un superbe dessin en pixels de Boris Mirroir et une image lenticulaire qui imite un saut de Super Mario…
L.C. Écran façon Game Boy pour le premier et écran façon Super Mario Bros pour le deuxième. Delcourt a réalisé des devis et a validé l’image lenticulaire assez vite. On est tellement dans les années 80 avec une telle couverture que c’était difficile de passer à côté. J’espère qu’elle attire l’œil de celui ou celle qui passe à côté.
Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)
« Super Pixel Boy » par Loïc Clément et Boris Mirroir. Delcourt. 19,99 euros.