Julien Lambert : « De l’imaginaire et du fantastique »

Un détective qui parle avec les objets, des hommes-mouches pilotés par un savant fou, un gamin curieux qui enquête sur d’étranges transactions d’insectes : « Villevermine » plonge le lecteur dans un univers totalement original. Julien Lambert réussit un polar vraiment atypique.

Le dossier de presse annonce de la fantasy urbaine. Vous assumez ce genre ?
Julien Lambert. Je ne connais pas trop les contours de la fantasy… mais l’univers de Villevermine est clairement urbain. Ce n’est pas un terme que j’ai choisi, mais il donne une certaine idée des choses que j’essaie de développer dans l’album. C’est-à-dire de l’imaginaire et du fantastique.



Vous avez été nominé pour le prix Polar SNCF 2019. Villevermine est donc aussi un polar atypique ?
J.L. À la base, j’ai présenté cette histoire comme un polar fantastique. Le personnage principal, Jacques Peuplier, est un enquêteur dans le monde des objets. Dans ce premier tome, j’ai d’ailleurs beaucoup axé la trame de l’histoire sur l’enquête. Le polar me nourrit dans mes lectures et dans ce que je regarde. 



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Le héros principal parle avec les objets. Qu’est-ce qui vous plaisait dans cette idée surréaliste ?
J.L. J’avais utilisé cette idée d’objets qui parlent dans des histoires courtes un peu surréalistes pour un fanzine qu’on faisait avec des amis. J’avais aussi ce personnage de misanthrope costaud et très grognon, qui ne s’appelait pas encore Jacques Peuplier. J’ai eu l’idée de joindre les deux et j’ai trouvé que ça fonctionnait bien. 



Qu’est-ce que cela vous apporte dans la narration ?
J.L. Dans les polars, il y a parfois des monologues où l’on entend le personnage penser. Cette idée permettait qu’il puisse se poser des questions et avoir quelqu’un qui lui répond dans n’importe quelle situation. Je m’en sers également dans les scènes de bagarre, pour offrir à Jacques un don de troisième œil qui lui donne un avantage sur ses adversaires.



Cela fait de Jacques Peuplier une sorte de super-héros ?
J.L. Oui, très vite, je l’ai envisagé comme un super-héros. La ville est d’ailleurs un peu un avatar de Gotham City. C’est totalement assumé et une part importante de l’essence de cette histoire. 



Avez-vous le sentiment de vous rapprocher un peu des comics avec cet album ?
J.L. J’ai voulu dans cette histoire développer un univers qui ressemble un peu aux comics, mais l’ancrer malgré tout dans de la BD franco-belge. Mes influences sont assez diverses avec des comics, mais aussi des mangas et du franco-belge. J’ai un peu l’impression de mixer les trois dans cette histoire.

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Quelles œuvres vous ont inspiré pour créer cet univers très original ?
J.L. Elles sont nombreuses. Le projet grandit depuis longtemps. Je suis globalement assez poreux aux univers fantastiques. J’ai déjà parlé de Gotham City mais sinon, en bande dessinée, les influences les plus importantes de ce projet sont le « Hellboy » de Mike Mignola et « Amer Béton » de Tayio Matsumoto. En cinéma, je citerais les films de Caro & Jeunet, ainsi que ceux de Guillermo Del Toro. Sans oublier les romans policiers de Simenon ainsi que les contes fantastiques et les « Harry Dickson » de Jean Ray.

Cet album s’appelle « Villevermine » et pas « Jacques Peuplier ». Cette ville est presque aussi importante que les personnages ?
J.L. Cela a été en discussion avec mon éditeur. L’idée vient plutôt d’eux à la base. À travers le titre, on voulait parler autant de l’ambiance que du personnage. Concernant cette ville, je suis resté un peu vague au niveau de la temporalité. Ce n’est pas vraiment le passé ou le futur, mais une sorte de présent alternatif. J’ai vécu pas mal d’années à Liège et j’ai utilisé beaucoup de mes photos pour baser mes ambiances. Ce que je voulais, c’est une ville monde où tout peut arriver : des trucs magiques dans des caves ou des greniers. Une ville un peu abimée avec une histoire fantastique.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« Villevermine Vol 1/2 – L’homme aux babioles » par Julien Lambert. Editions Sarbacane. 18 euros.

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