Jean-Claude Bartoll : « Un western sud-africain »
« Les aventuriers du Transvaal » transpose tous les codes du western dans les paysages grandioses de l’Afrique du Sud à la fin du XIXe siècle. Jean-Claude Bartoll s’appuie sur la guerre des Boers pour emmener un groupe d’aventuriers à la poursuite d’un trésor mythique.
« Les aventuriers du Transvaal » se déroule en Afrique, mais reprend tous les codes du western…
Jean-Claude Bartoll. Je souhaitais en effet faire quelque chose qui ressemble à un western, mais ne voulais pas me lancer dans un genre qui est déjà très exploité. J’avais aussi envie de renouer avec l’aventure et les grands espaces. Je suis un grand amoureux de l’Afrique et n’avais encore jamais traité l’Afrique du Sud et la guerre des Boers. C’est donc un western sud-africain (sourire).
C’est important pour vous de situer votre récit dans un lieu et un contexte historique peu connu ?
J-C.B. Quand on raconte une histoire, on souhaite avant tout se faire plaisir et emmener le lecteur dans un lieu qu’il ne connait peut-être pas ou lui en faire découvrir une autre facette. Partir dans ces contrées était donc intéressant. Cela faisait aussi plaisir à Bernard (Köllé), qui est parfaitement à l’aise pour dessiner de grands espaces, des chevaux, de l’aventure…
Est-ce une difficulté supplémentaire, car cela nécessite de bien contextualiser votre récit ?
J-C.B. Même si j’aime beaucoup que le lecteur apprenne des choses, lorsqu’on s’attache à traiter d’un sujet qui va se dérouler dans la grande histoire, il faut éviter de trop le noyer dans des détails historiques. J’adore l’histoire et j’ai envie de remonter encore plus loin dans l’échelle du temps et de me frotter par exemple au péplum.
Graphiquement, c’est superbe avec des paysages grandioses et des animaux sauvages. Ça compte aussi quand on choisit un sujet ?
J-C.B. Je conçois la bande dessinée, et je ne suis pas le premier à dire cela, comme du cinéma en plan fixe. Lorsque j’écris, je me fais un film avec des plans de situation, des plans larges qui vous transportent et des plans de coupe qui vous donnent l’ambiance. Après, si on fait un huis clos, il y a d’autres codes. Mais, là, cela aurait été dommage de ne pas avoir la faune, la flore et tout ce qui fait l’Afrique. Je voudrais ajouter qu’on lit cela avec les yeux d’homme du XXIe siècle, mais que les personnages découvrent ces paysages avec l’émerveillement de l’époque, où l’on n’a pas forcément déjà vu un éléphant.
L’histoire avance beaucoup grâce au dessin. Avez-vous cherché une certaine économie de mots ?
J-C.B. Je suis sans doute économe de mots sur cette série, mais je ne m’en rends pas compte. C’est vrai que je ne suis pas super didactique. Je laisse l’histoire filer et on en apprendra au fur et à mesure. Quant au rythme, il a été imposé par le scénario. J’ai voulu faire très cinéma avec une construction assez nerveuse. Je ne voulais pas d’un schéma classique avec un point de départ puis une mission confiée aux héros. J’ai voulu une narration un peu différente. Là, on a des destins parallèles.
« Les aventuriers du Transvaal » parle de colonialisme. C’est aussi ce qui vous intéressait ?
J-C.B. Ce n’était pas le but principal, mais cela fait partie de notre histoire. Je voulais un grand bol d’air en Afrique sur fond de guerre coloniale. Je souhaitais passer un bon moment avec des caractères bien trempés et apprendre quelque chose sur l’histoire des Zoulous ou de mystérieuses sociétés un peu plus au Nord.
Contrairement à beaucoup de séries d’aventure, « Les aventuriers du Transvaal » n’a pas vraiment de héros, mais repose plutôt sur une notion de groupe…
J-C.B. Plus on a de protagonistes, plus c’est compliqué. Il faut essayer d’équilibrer le temps de parole, que chacun dévoile de petites choses pour que l’on comprenne certains aspects de sa personnalité. Si on n’en met pas assez, on peut passer à côté et ne pas s’intéresser au personnage. Faire évoluer trois personnages peut aussi trop ralentir l’action. C’est un exercice d’écriture avec un subtil équilibre à trouver. Mais, j’aime ça ! Cela me paraissait intéressant sur cette série avec ces deux héros un peu en rupture de ban et cette femme au caractère assez trempé. On va voir comment ça va évoluer et qui va rester à la fin.
Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)
« Les aventuriers du Transvaal – Tome 1. L’Or de Kruger » par Jean-Claude Bartoll et Bernard Köllé. Glénat. 13,90 euros.