Fabrice Lehmann: «Je vis des situations rocambolesques»

Détective privé depuis plus de 20 ans, Fabrice Lehmann raconte ses mésaventures dans de cocasses histoires courtes. Sur un ton humoristique, «Ficanasse, détective privé» dévoile ainsi les coulisses d’un métier assez mystérieux.

Comment vous est venue l’idée de raconter votre quotidien en bande dessinée?
Fabrice Lehmann.
J’ai eu l’idée de raconter mes anecdotes dans les années 2000. En effet, je conservais mes carnets où je notais le déroulé de mes affaires et c’est en relisant mes notes que l’idée m’est venue.

Raconter vos histoires sous l’angle humoristique était une évidence?
F.L.
Oui. Je voulais donner un ton humoristique à mes affaires, car je trouvais qu’il y avait déjà beaucoup d’histoires de détective axées davantage sur le côté polar noir.

Vous avez écrit cet album avec Véronique Grisseaux, qui a travaillé sur de nombreuses bandes dessinées mais aussi sur la série télé «Un gars, une fille». Son expérience a été précieuse pour donner du rythme à vos histoires courtes?
F.L.
Son expérience m’a beaucoup aidé surtout en matière de découpage et de chute des histoires.

Dans ce premier tome, il est souvent question d’adultère. C’est la plus grande partie de votre travail ou est-ce simplement la plus rocambolesque à raconter?
F.L.
En ce qui concerne mes dossiers, je fais à peu près 50% de dossiers matrimoniaux. Les autres sont des affaires de concurrence déloyale, de vol en entreprise. Je vis en tout cas des situations rocambolesques dans tous les types de dossiers.

J’ai découvert que la police pouvait vous envoyer des clients. C’est fréquent?
F.L.
La police ne m’envoie pas de clients, mais j’ai longtemps travaillé avec d’anciens policiers qui s’étaient reconvertis dans le métier de détective privé et qui avaient une proximité avec plusieurs services de police. Ces derniers pouvaient alors aiguiller des plaignants quand ils ne pouvaient pas répondre à leurs demandes.

Dans plusieurs histoires, vous vous faites arrêter car on vous prend pour un braqueur ou un pervers. C’est compliqué ensuite de se justifier? Est-ce que le statut de détective est suffisamment reconnu en France?
F.L.
Quand j’ai commencé mon métier en 1992, il suffisait d’avoir un casier judiciaire vierge et de s’enregistrer à la Préfecture de Police. Il n’existait aucune formation. On se formait sur le tas. Aujourd’hui, une formation est nécessaire pour exercer cette profession : deux ans d’études dans des écoles privées agréées par le CNAPS sous tutelle du ministère de l’Intérieur. À l’issue de ces deux ans, vous recevez un agrément et une autorisation d’exercer reconnus à ce jour par la police. Ce n’était pas le cas à mon époque ce qui donnait lieu à des situations parfois ubuesques.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

«Ficanasse, détective privé» par Fabrice Lehmann, Jack Domon et Véronique Grisseaux. Editions Michel Lafon. 12,95 euros.

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