ZAHRA’S PARADISE

La répression iranienne après l’élection d’Ahmadinejad en 2009 vue à travers une famille qui recherche un jeune manifestant disparu. Un jeu de piste dur mais très intéressant dans les arcanes du régime iranien.

C’est au cours d’une manifestation contre l’élection présidentielle iranienne frauduleuse d’Ahmadinejad en 2009 que Medhi, 19 ans, disparaît. Plus de nouvelles, pas de traces officielles, « Zahra’s Paradise » raconte le parcours compliqué de la famille – son jeune frère et sa mère – pour tenter de le retrouver.

Avant d’être édité chez Casterman, cet épais roman graphique de plus de 250 pages en noir et blanc a été mis en ligne durant des mois sur un site américain. Traduit simultanément en arabe, persan, français, italien, espagnol, coréen, etc, ce site de prépublication a accueilli plus de 87.000 visiteurs uniques de 152 pays différents.

Les auteurs, pour des raisons évidentes de sécurité, signent sous un pseudonyme cette fiction à forte valeur documentaire. Politique de la terreur et de la torture, cynisme de l’Etat, actes de résistance du peuple, corruption… la société iranienne est décryptée en même temps que l’on suit au jour le jour la famille de Medhi dans sa quête, d’hôpitaux en morgues en passant par la case prison.

Même s’il s’agit d’une fiction, l’album apporte un témoignage intéressant et bien sûr très instructif. Forcément un peu bavard, il n’en reste pas moins fluide et clair. Titre de l’ouvrage, Zahra’s Paradise est aussi le nom d’un gigantesque cimetière sacré dans la banlieue de Téhéran. C’est enfin une métaphore de l’Iran, un cadavre enfermé dans un cercueil, l’Islam. En attendant que « ce « pays-tombeau » relâche son emprise sur le peuple iranien », Khalil et Amir ont décidé de suivre le jeune héros dans son exil en Turquie.

Casterman

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