VAGABOND – Tome 17
L’art du sabre aussi bien du point de vue technique que philosophique, voilà ce que propose de nous faire découvrir Takehiko Inoue dans un manga très éloigné de son « Slam Dunk ». Un récit qui manque de pêche dans les combats mais très réussi graphiquement.
Un jour, un ermite, ancien maître en art martial en plein Japon féôdal reçoit une lettre lui demandant de s’occuper d’un bébé venu tout droit de la mer avec un sabre à ses côtés. Des années plus tard, Kojiro Sasaki a grandi et est devenu un bretteur expérimenté, malgré sa surdité. Dans ce 17e tome, Kojiro Sasaki affronte un bretteur d’une autre école, Denshiro Yoshioka, sur une plage au clair de lune. Deux combattants qui veulent tous les deux la même chose: devenir plus fort.
Adapté du roman « Miyamoto Musashi » (« La pierre et le sabre » et « La parfaite lumière » en français) d’Eiji Yoshikawa, « Vagabond » est la biographie romancée d’un des plus grands samouraïs de l’histoire du Japon depuis la bataille de Sekighara en 1600. Mais depuis plusieurs tomes, Takehiko Inoue a délaissé Musashi et sa quête initiatique pour nous conter l’histoire d’un autre enfant prodige, Kojiro Sasaki.
Le combat entre les deux bretteurs sur la plage dure pratiquement tout l’album. Mais la particularité de « Vagabond » c’est qu’il ne s’agit jamais uniquement d’une suite de coups de sabre. En combattant les bretteurs réflechissent en même temps à la Voie du sabre. Il y a donc peu de dialogues et le récit est largement introspectif.
Du coup, l’auteur privilégie les gros plans et la personnalité des personnages est bien développée. Tout cela rend le manga plutôt adulte (seinen). On est en tout cas bien loin de « Slam Dunk », manga du même auteur axé sur le basket qui mêlait matchs et aventures amoureuses teintées d’humour. Le côté philosophique de « Vagabond » a son revers: le combat manque parfois de dynamisme, traîne en longueur, et le réalisme des coups portés pèse un peu sur le côté spectaculaire des échanges.
Graphiquement en tout cas, qu’il s’agisse des scènes de combat ou du reste, les planches sont éblouissantes. Si le style est sur ce point-là aussi très différent de « Slam Dunk », on reconnaît tout de même la patte du mangaka et le souci des détails, en particulier dans les décors qui sont magnifiques. Les vagues, le sable, jusqu’aux troncs d’arbre et aux kimonos des personnages… le dessin est fin et ultra détaillé. Les personnages ne sont pas en reste: leurs traits sont complexes et les émotions très bien rendues sans être caricaturales. A noter également que Takehiko Inoue varie les techniques: la couleur pour les quatre premières pages de ce tome 17, des planches peintes ou même des crayonnés pour des ouvertures de chapitre.
La série « Vagabond » a remporté en 2002 le prix Tezuka qui récompense chaque année les meilleurs mangas.
– Tonkam