THE BOONDOCKS – Tome 2. Libérez Jolly Jenkins !
Mélange de provocation et de dénonciation des travers de l’Amérique « middle class », ce comic strip mérite un petit détour.
Huey et Riley Freeman sont deux gamins noirs originaires d’un quartier chaud de Chicago. L’un ne rêve que de militantisme « black » l’autre d’être un gangster inspirant la crainte et le respect. Alors quand ils viennent vivre dans une banlieue bourgeoise blanche de Californie avec leur grand-père et intègrent l’école J.Edgar Hoover, ils ont bien du mal à trouver leurs repères de jeunes noirs en colère dans cette ambiance bien tranquille.
Entre un directeur de l’école persuadé que tous les sportifs blacks épousent des blondes, Jazmine, une petite métisse qui n’aime pas qu’on lui rappelle ses origines africaines et Cindy, la petite blanche pour qui culture africaine rime seulement avec rap, le petit monde de « Boondocks » est désormais bien en place.
Grâce à de petits gags de trois ou quatre cases mettant en scène la vie quotidienne de Huey et Riley, Aaron Mc Gruder s’interroge en permanence sur la classe moyenne américaine, les rapports entre les communautés noire et blanche, les préjugés, la violence et le racisme.
Malheureusement pour nous, lecteurs français, les très nombreuses références politiques, culturelles, voires télévisuelles ne nous disent souvent pas grand chose et certaines subtilités nous échappent certainement. Les notes de bas de page sont donc les bienvenues: pour peu que l’on ait le courage de s’y référer à chaque fois, on en saura donc un peu plus sur Dorothy Dandridge (l’une des premières stars noires américaines), Frances Cress Welsing (psychiatre auteur d’une analyse sur la suprématie blanche), Mumia Abu-Jamal (journaliste noir condamné à mort mais clamant son innocence) ou sur Source (magazine musical spécialisé dans le hip-hop), etc.
Mais « The Boondocks » mérite bien ce petit effort intellectuel, ne serait-ce que par son originalité et son ton politiquement incorrect. Lancé il y a 7 ans par Mc Gruder sur le site internet de son université, ce comic strip au graphisme simple et moderne, paraît désormais dans 250 quotidiens américains. Selon l’éditeur, les journaux qui le publient reçoivent régulièrement des menaces de désabonnement de la part de lecteurs, blancs ou noirs, dérangés par sa liberté de ton.
– Dargaud