SHERLOCK HOLMES ET L’ÉNIGME DE JODHPUR

Bien qu’amnésique, Sherlock Holmes se rend en Inde pour aider Irène Adler à retrouver son mari disparu. Le « grand hiatus » du détective revisité.

Si le professeur Moriarty le croit mort après leur bagarre aux chutes de Reichenbach, Sherlock Holmes ne souffre en fait que d’amnésie. Cela ne l’empêche pas d’embarquer sur un paquebot à destination des Indes, en compagnie de son amie Irène Adler dont le mari, avocat travaillant sur un contrat de ligne de chemin de fer, a brusquement disparu.

Troisième épisode des aventures du célèbre détective privé vues par Roger Seiter (« Fog ») et Giuseppe Manunta (« Zombie Walk »), « L’énigme de Jodhpur » se déroule en plein « grand hiatus », cette fameuse période de trois ans imaginée par Conan Doyle entre la mort supposée de Holmes (« Le dernier problème ») et sa réapparition à Londres (« La Maison vide »). Le fidèle Docteur Watson n’est donc pas là mais on retrouve le colonel Moran, bras droit de Moriarty, et on croise un certain Michel Strogoff, fameux personnage de Jules Verne.

Mais même si les auteurs dépoussièrent un peu Sherlock Holmes en imaginant un héros plus jeune, plus aventurier et plus fun aussi, même si l’atmosphère de la fin du XIXe siècle est bien retranscrite, le dessin de Manunta est clair et élégant – quoiqu’un peu figé – cette double enquête policière n’est pas totalement convaincante. Non pas que l’intrigue soit mal construite – l’alternance de trois récits (Holmes et Irène d’un côté, les agissements de Moran d’un autre et enfin le mari disparu) est fluide – mais elle manque de suspense. De même, si le meurtre et le vol de bijoux sur le paquebot permettent à Holmes de faire une démonstration de ses talents de déduction, c’est un détective moins flamboyant que l’on découvre ensuite dans l’affaire principale liée à la disparition du mari d’Irène, sur fond d’enjeux géopolitiques et économiques internationaux. Tandis que Michel Strogoff a ici un rôle prépondérant, la relation entre Holmes et Irène manque quant à elle de profondeur et de piquant. Dommage.

Dessinateur: Roger Seiter – Scénariste: Giuseppe Manunta – Editeur: Le Verger Editeur – Prix: 14,90 euros.

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