REALITES OBLIQUES

Une série d’histoires cassant les certitudes sur ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. De l’absurde à la réflexion, il n’y a qu’un pas… que Clarke nous aide à franchir.

Une femme qui n’existe qu’un jour sur deux, un homme qui n’a pas le sens du toucher, un autre qui a le pouvoir de changer à volonté chaque épisode de sa vie, un aveugle qui cherche à échapper à un feu de forêt, un enfant terrorisé par le croquemitaine caché dans le placard, un vieil alpiniste qui peine à grimper… Au total, 25 histoires courtes réunies dans un album soigné au format carré, selon un découpage précis – quatre planches par histoire et quatre cases par planche – et avec un même penchant pour l’absurde, le surréalisme ou l’épouvante.

Clarke est bien loin du côté bon enfant de sa série « Mélusine » (comme un clin d’oeil, on retrouve d’ailleurs la jolie sorcière dans l’une des saynètes). Et de citer en introduction de « Réalités obliques », le psychiatre britannique Donald Winnicott: « L’acceptation de la réalité est une tâche sans fin et nul être humain ne parvient à se libérer de la tension suscitée par la mise en relation de la réalité du dedans et de la réalité du dehors. Il en résulte une transition qui va nous poursuivre tout au long de notre existence… L’art peut nous aider à faire cette transition en nous permettant d’imaginer des relations différentes entre ces deux niveaux de réalité, afin de nous maintenir en équilibre ».

Dans cet album au beau noir et blanc très contrasté, on ne se sait donc plus bien où se situe la frontière entre la réalité et la fiction et les amateurs de bizarre et d’histoires à la manière de « La Quatrième Dimension » seront servis. L’air de rien, les histoires de Clarke nous laissent avec des questionnements angoissants sur l’art, la vieillesse, la place de chacun dans la vie, bref la condition humaine.

Dessin et scénario: Clarke – Editeur: Le Lombard – Prix: 16,45 euros.

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