QUINTOS

En 1937, un petit groupe hétéroclite de combattants républicains doit rejoindre sous les balles ennemis un petit village espagnol. Une réflexion intéressante sur la guerre et les motivations de l’homme.

Printemps 1937, la guerre civile fait rage en Espagne entre républicains et fascistes. Un petit groupe de volontaires républicains de différentes nationalités est en route pour Quimera où il est attendu en renfort. Mais leur camion est détruit par un obus et les survivants sont forcés de continuer à pied jusqu’au village sous les tirs ennemis.

Premier album d’Andreas pour Dargaud, « Quintos » est aussi pour l’auteur de « Capricorne » et « Arq », l’un de ses premières incursions dans le réel. En prenant comme point de départ un événement tragique – l’explosion du camion et la mort de deux d’entre eux – Andreas développe un thème connu: celui d’hommes et de femmes qui doivent rester souder pour survivre alors que, comme dans tout groupe confronté au danger et à la peur, les masques finissent par tomber et révéler les véritables personnalités. Outre leur pays d’origine, tout oppose ces volontaires: l’Américain – genre Bruce Willis avant l’heure – qui s’imagine déjà mercenaire et riche, la petite bourgeoise française en quête de sensations fortes, l’Espagnol aveuglé par ses idées révolutionnaires, etc. Les personnages sont certes caricaturaux mais ces stéréotypes permettent de nourrir la réflexion sur la guerre, l’homme et son engagement. L’ensemble est servi par un graphisme irréprochable, des compositions et des cadrages originaux.

On ne saurait parler de guerre civile espagnole sans évoquer Guernica et « Quintos » fait référence à cet épisode qui a notamment inspiré son célèbre tableau à Picasso. Mais là, Andreas est moins convaincant. L’album étant ancré dans la réalité, pourquoi donc avoir choisi de nommer le village où le groupe doit se rendre, Quimera? C’est pourtant bien les restes fumants de Guernica, symbole des libertés basques, que finissent par découvrir nos héros. Le 26 avril 1937, cette petite commune était détruite par l’aviation allemande au service de Franco. C’était la première fois dans l’histoire militaire qu’une agglomération civile était entièrement rasée sous un déluge de bombes au phosphore, tuant un millier de personnes. Et surtout pourquoi avoir préféré au célèbre « No pasaran! » – le slogan qu’utilisaient les républicains espagnols contre les hommes de Franco – une bête traduction française, un « ils ne passeront pas! » noyé dans une phrase anodine?

Dargaud

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