PIETROLINO – Tome 1. Le clown frappeur
La France sous l’Occupation. Au cours d’une représentation dans un bar, une petite troupe de saltimbanques est arrêtée par les Allemands. Sévèrement battu, le mime Pietrolino perd l’usage de ses mains. Un hommage poétique et touchant au mime Marceau.
Si Pietrolino a des airs de mime Marceau, ce n’est pas un hasard. C’est pour lui que Jodorowsky, qui a fait partie de sa troupe dans les années 50, avait écrit « Pietrolino » il y a une dizaine d’années. Le récit n’avait cependant jamais été monté sur scène faute de financement et était arrivé au fond d’un tiroir de Bruno Lecigne, éditeur aux Humanoïdes Associés.
Narrateur de cette histoire en deux volumes, Simio raconte la destinée de son compagnon de route Pietrolino, mime talentueux qui se voit condamner aux travaux forcés pour avoir ridiculisé les Allemands dans un spectacle, sous l’Occupation. Comble de tout, le saltimbanque perd l’usage de ses mains après avoir été battu par un officier SS.
A la fois histoire d’une véritable passion artistique et histoire d’amour d’un homme âgé pour une jeune fille, « Pietrolino » est assez éloigné de ce que nous a proposé jusqu’ici le scénariste chilien (« L’Incal », « Bouncer », « Les Technopères », etc) qui n’avait jamais abordé la Seconde Guerre mondiale. Le récit est cependant relativement elliptique et l’on se retrouve vite à la Libération, la priorité étant donnée plutôt aux émotions des personnages, à la poésie qui se dégage des planches. Comme on pouvait s’en douter, le mime Pietrolino n’est guère bavard et seuls les traits de son visage ou les explications de son compagnon Simio viennent révéler ses sentiments.
Si le nom de Jodorowsky surprend pour un tel album, celui de Boiscommun beaucoup moins. L’auteur de « L’histoire de Joe » ou d' »Anges » aime ces univers poétiques et romantiques et il livre ici de belles planches colorées, alternant les teintes froides pour les scènes dramatiques et les tons plus chauds pour les spectacles.
Même si on peut regretter le ton trop manichéen de ce récit et l’impression un poil irritante que tous les malheurs du monde tombent sur Pietrolino, ce premier tome se révèle être un hommage touchant au mime Marceau, décédé le 22 septembre dernier avant d’avoir pu découvrir la bande dessinée.