PASSEPORT

Toute son enfance et son adolescence, Sophia a suivi ses parents dans leurs déménagements à l’étranger. Une jolie chronique adolescente douce-amère sur fond de non-dits et de déracinement.

Neuf appartements, huit écoles, sept uniformes, six pays et cinq « meilleures amies »… Durant toute son enfance et adolescence, Sophia et sa famille n’ont pas arrêté de déménager à cause du travail de ses parents. Mais quel travail au juste? C’est entre les non-dits et le déracinement que la jeune Américaine va devoir se construire.
Pour son premier roman graphique, autobiographique de surcroit, Sophia Glock a dû demander l’autorisation du Comité de publication de la CIA qui l’a contrainte à retirer de nombreux détails dans son récit… Et pourtant cet album de 300 pages, constitué simplement du quotidien d’une enfant et adolescente à l’heure des premières amitiés, des premières sorties et des premiers flirts, est riche. Riche en sentiments et pensées que l’auteure nous invite à partager: la difficulté de gérer les relations sociales, l’incertitude liée à l’exil et aux secrets familiaux, bref une douleur psychologique diffuse que l’Américaine parvient à retranscrire et à rendre intéressant.
Le rythme est tranquille et doux, tout comme la colorisation en bichromie de saumon et mauve, le trait est simple et les décors globalement anonymes mais on se rend bien compte des changements physiques des personnages au fur et à mesure qu’ils grandissent. « Passeport » constitue donc une jolie chronique adolescente douce-amère à la fois hors norme et ordinaire.

Dessin et scénario: Sophia Glock – Editeur: Casterman – Prix: 24 euros.

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