PACIFIQUE

Un mystérieux livre subversif vient semer la zizanie au sein d’un U-Boot allemand. De très belles planches.

Quelques mois après « Blechkoller » d’Hernández et Damián, c’est de nouveau dans le huis-clos d’un sous-marin allemand en pleine Seconde guerre mondiale que le 9e art nous plonge. Le jeune soldat Udo Grötendick rejoint en tant que radio un U-Boot commandé par le distant capitaine Kaleunt. Mais dans les effets personnels du « bleu », les membres d’équipage découvrent un livre considéré comme subversif dont ils se débarrassent immédiatement.

Récit de guerre traditionnel ou histoire fantastique? « Pacifique » est sans nul doute un peu des deux. Rapidement en effet, on se rend compte que le fameux livre honni des nazis réapparaît sans cesse dans tous les recoins du sous-marin jusqu’à en devenir envahissant… Que raconte-t-il et quel est le pouvoir qu’il semble exercer sur les lecteurs? Cela, on ne le saura jamais vraiment… On aurait pourtant aimé que le caractère surnaturel dans lequel bascule le récit trouve son explication dans un dénouement cohérent, implacable, sans pirouette finale bancale…

Mais que cette déception ne vienne pas gâcher le plaisir de savourer « Pacifique ». Réalisé à quatre mains par deux nouveaux venus dans l’univers de la bande dessinée, l’album séduit par son format à l’italienne qui rappelle la forme allongée du U-Boot et les coursives étroites, son trait dynamique, sa poésie teintée du mythe des sirènes, ses planches entières muettes suintant l’humidité et ses couleurs lumineuses et contrastées donnant du relief tantôt à l’univers mécanique oppressant du navire, tantôt à la violence sauvage de l’océan. Baudy et Trystram, tous deux issus de l’animation, se lancent donc dans une carrière très prometteuse.

Casterman

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