NEFERITES – Tome 1. L’embaumeur
Un embaumeur de l’Egypte ancienne transformé en enquêteur dans une affaire de mort suspecte. Un dessin agréable, une intrigue très bien menée, des protagonistes pas si clairs que cela. Prenant.
Sacrilège, un cadavre est retrouvé au pied de la statue dédiée à Seth, dieu incarnant les forces violentes de la nature. Rapidement on pense à un châtiment divin: l’homme qui s’avère être Nebtou, l’esclave favori de la reine, a été foudroyé par le dieu car il a osé pénétrer dans l’enceinte interdite. Mais Néféritès l’embaumeur, à qui le vizir local a confié l’autopsie du corps, est formel: il s’agit d’un empoisonnement.
Le scénario de départ de cette nouvelle série n’est pas sans rappeler celui de « Shimon de Samarie » où l’on suivait l’enquête du Juge au Sanhédrin de Jérusalem autour d’un cadavre découvert dans les décombres d’un temple. Et d’ailleurs, de manière générale le polar historique – thème de la collection Dédales des Humanos – est un genre de plus en plus représenté. Pourtant sans être d’une folle originalité, ce premier tome a suffisamment de bons points pour se faire remarquer.
D’abord le dessin est de qualité, réalisé par un auteur confirmé mais issu du comics américain: Chris Cross, qui a travaillé une dizaine d’années chez DC Comics et Marvel, a notamment dessiné « Captain Marvel » (scénario de Peter David) de 2000 à 2004. Il y a beaucoup de mouvement dans ces personnages et les expressions du visage sont variées. A cet égard, Satis, le « disciple » de Néféritès, est d’ailleurs particulièrement réussi: ses mimiques réhaussent l’album de petites touches humoristiques qui s’intègrent bien dans l’histoire. Les cases sont en outre remplies de détails sur la vie quotidienne des Egyptiens, riches et pauvres. Effervescence de la cité, échoppes de commerçants, méthodes d’embaumement, on assiste même à une cérémonie funèbre. En revanche, le dessinateur américain semble avoir un peu de mal avec les pieds, démesurément longs à plusieurs reprises…
Autre point positif, le récit est facile à suivre sans être cousu de fils blancs pour autant. A la fin de ce premier tome, il reste encore bien des zones d’ombres et les personnages présentés semblent tous nous cacher quelque chose, du vizir Menkhé – dont l’insistance à vouloir faire avancer l’enquête est plutôt louche – à Néféritès l’embaumeur. Quel secret cache justement ce dernier? Passant ses journées et ses nuits reclu dans le temple des morts où il prépare les défunts pour leur grand voyage dans l’au-delà, il semble chercher à fuir les hommes, hanté par des cauchemars autour d’une femme disparue… Sylviane Corgiat et Patrick Galliano (« Stellaire »), ont trouvé le juste milieu: les infos sont distillées petit à petit rendant la lecture de l’album très intéressante jusqu’au bout mais il est encore impossible de deviner la suite. Il nous reste encore deux tomes avant de pouvoir découvrir le fin mot de cette mystérieuse affaire.