NANA – Tome 9

Poursuivant le virage amorcé au précédent volume à l’annonce de la grossesse de Nana, ce 9e tome adopte un ton plus grave. La série ne cesse de surprendre et on ne s’en lasse pas.

Enceinte de Takumi, Nana Komatsu (alias Hachi) accepte de l’épouser mais la nouvelle provoque des remous au sein des deux groupes. Au sein de Blast, Nana Osaki a du mal à accepter que sa colocataire déménage. Quant à Reira de Trapnest, elle craque en apprenant le futur mariage de l’homme qu’elle aime en secret.
Finie la Hachi gaie, naïve un peu fofolle et cœur d’artichaut. On le sentait venir depuis quelques volumes, le ton se fait plus grave, l’ambiance candide de la série tourne au mélo.

Mélo ne veut pas dire gnangnan. «Nana» est certes un shôjo manga (un manga plutôt destiné aux filles) et la candeur d’Hachi aurait pu faire d’elle une parfaite héroïne de roman à l’eau de rose mais Ai Yazawa donne dans cette série une vision des jeunes adultes japonais beaucoup plus mature que d’autres mangas du genre. On y parle prostitution, on y parle aussi amour et on le fait. Personne ne semble heureux dans ce neuvième volume et l’accent est mis sur le trouble des deux Nana qui se rendent compte de ce qu’elles ressentent l’une pour l’autre une fois qu’elles s’éloignent. L’ambiguïté de leurs sentiments, qui apparaît de plus en plus clairement, est également très intéressante et plutôt originale.

En fait, ce qui fait la force de «Nana» c’est que l’intrigue progresse vraiment au fil des épisodes, en même temps que les personnages évoluent. Nous ne sommes pas dans ces séries où l’on peut facilement sauter quelques volumes avant de retrouver le héros comme on l’avait laissé, dans le même état d’esprit, avec les mêmes envies, etc. C’est bien joué de la part d’Ai Yazawa: il est à chaque fois bien difficile de résister à l’envie d’acheter le tome suivant!

A noter que ce 9e tome comprend un cahier supplémentaire d’une cinquantaine de pages racontant la naissance de Trapnest à travers les yeux de l’un des musiciens du groupe, Naoki. On retrouve ainsi presque tous les personnages, dix ans auparavant, lorsqu’ils étaient encore A l’école.

Delcourt

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