L’ORME DU CAUCASE

Une nouvelle démonstration pleine de poésie du talent de Taniguchi et la découverte d’une société japonaise partagée entre la modernité et la tradition.

Son « Quartier lointain », Alph’Art du meilleur scénario en 2003 à Angoulême, l’avait révélé aux yeux de bédéphiles peu habitués aux mangas. Avec la même poésie, Taniguchi offre une adaptation de l’oeuvre du romancier japonais Utsumi.

« L’Orme du Caucase », paru au Japon en 1993, est un recueil de huit nouvelles en noir et blanc ayant pour point commun la famille: les époux Harada qui ne peuvent se résoudre à couper un magnifique orme qui gêne leurs voisins, la jeune Française qui a bien du mal à se faire accepter par sa belle-famille japonaise, la petite Hiromi confiée provisoirement par sa mère à ses grands-parents, etc… Ce sont autant de portraits de jeunes adultes, d’enfants ou de personnes âgées que Taniguchi dresse avec beaucoup de pudeur et de délicatesse. Privilégiant la réflexion à l’action, il aime à retranscrire les émotions de ses personnages, à s’attarder sur l’expression de leur visage avec son trait fin et détaillé.

Mais la plupart de ces nouvelles posent aussi la question de la place des personnes âgées au Japon. Des retraités qui prennent un nouveau boulot pour compléter leurs revenus, qui viennent vivre chez leurs enfants ou qui se chargent d’élever leurs petits-enfants, c’est un pan méconnu du Japon que nous découvrons ainsi. Une société également très respectueuse des codes de la politesse et des individus extrêmement soucieux de ne pas se faire remarquer.

Lorsqu’une bande dessinée mêle de cette façon le talent d’un des plus grands dessinateurs nippons et la découverte d’une culture, il serait difficile de ne pas être touché par « L’Orme du Caucase ».

Casterman

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