LES ONZE MILLE VIERGES
Pour éviter un mariage avec un prince païen, la princesse Ursule de Brittanie suit les indications de la vision qu’elle a eue: partir en pèlerinage à Rome, accompagnée de 11.000 pucelles. Un mythe chrétien revisité par le spécialiste allemand de l’humour gay en BD. Sacrément drôle!
« Prétendre que l’Europe médiévale ressemblait à un asile de fous est à peine exagéré ! » Reprise en préambule, la citation de G.R. Taylor donne le ton, d’autant que Ralf König, le spécialiste de l’humour gay en BD, n’hésite pas en rajouter. L’auteur satirique allemand – à qui on doit « Comme des lapins » (Prix du scénario au festival d’Angoulême 2005), « Les nouveaux mecs », « Conrad et Paul » et la trilogie biblique « Prototype », « Archétype » et « Antitype » – prend son pied dans le détournement déjanté des textes religieux.
Et c’est sur une relecture du mythe des Onze mille vierges et de la sainte patronne de la ville de Cologne, à la fin du Ive siècle, qu’il jette cette fois son dévolu: Ursule, fille d’un roi chrétien de Britannie qui a fait voeu de chasteté, est appelée à épouser le fils du roi païen d’Anglia, au grand dam des nonnes entourant la princesse. Mais un ange est apparu à cette dernière, lui ordonnant de partir en pèlerinage à Rome avec 11.000 pucelles et des moines pour veiller à leur intégrité. Sur le chemin, l’équipage fait escale à Cologne alors que la ville est assiégée par les Huns, qui ne s’encombrent pas d’étiquettes avec les femmes. On l’a compris, les pucelles vont avoir bien du mal à le rester jusqu’au bout…
A partir de ses ingrédients habituels – de l’humour, des pulsions sexuelles, du sadomasochisme et de l’homosexualité -, le dessinateur s’en prend aux préceptes de l’Église judéo-chrétienne, de ses croyances et le commerce des reliques. Comme d’habitude, c’est un peu cru mais c’est aussi ça qu’on aime chez König surnommé le « Brétécher gay », et c’est aussi très expressif et surtout… sacrément drôle!
Dessin et scénario: Ralf König – Editeur: Glénat – Prix: 22 euros.