LE SPECTATEUR

Enfermé depuis sa naissance dans un mutisme incompréhensible, Samuel voit sa vie défiler sans agir. Un roman graphique sombre et percutant.

Depuis qu’il est né, Samuel n’a jamais parlé. Ses cordes vocales sont pourtant fonctionnelles mais aucun son n’est jamais sorti de sa bouche et il se contente de fixer les autres d’un regard qui met mal à l’aise. Samuel grandit et affronte ainsi en silence les épreuves de la vie.
Ce que chacun a pu ressentir un jour ou l’autre, Samuel le vit lui depuis sa naissance: le sentiment de se sentir spectateur de sa propre vie, témoin enfermé dans son propre corps. « Désolé par avance, je ne fais que passer à travers », lira sur la page de garde le lecteur attentif au texte ton sur sur ton et en léger relief. L’impuissance à empêcher les événements tragiques qui se succèdent devant ses yeux et l’impossibilité d’extérioriser ce qu’il ressent – hormis à travers l’acte libérateur du dessin et de la peinture – créent une atmosphère sombre et angoissante. Avec ses teintes froides de bleu-vert et de noir et son gaufrier de six cases, le graphisme rappelle en outre la froideur du regard de Samuel et son apparente insensibilité.
Signé de l’auteur d' »Un gentil orc sauvage » et de « L’homme le plus flippé du monde », « Le spectateur » est donc un album un peu étrange et troublant mais d’une grande force.

Dessin et scénario: Théo Grosjean – Editeur: Soleil, collection Noctambule – Prix: 18,95 euros.

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