LE PERROQUET DES BATIGNOLLES – Tome 1. L’énigmatique Monsieur Schmutz
Un polar classique avec pour décor la Maison de la Radio: un mystérieux inconnu est prêt à tuer pour s’emparer de boîtes à musique en forme de canard. Intéressant mais terriblement bavard.
Les fidèles auditeurs de France Inter se souviennent peut-être d’un feuilleton radiophonique diffusé à la fin des années 90 qui s’appelait « Le perroquet des Batignolles ». Rien d’étonnant puisque cette histoire imaginée par Jacques Tardi et Michel Boujut (producteur de l’émission « Cinéma, cinémas », décédé alors que l’album sortait des presses) n’est rien d’autre que son adaptation BD: preneur de son à Radio France, Oscar Molinet va se faire enquêteur en herbe après la mort d’une cantatrice et l’agression de sa compagne (qui fait la Météo marine sur la station). Leur point commun? Elles possèdent toutes deux une petite boîte à musique en forme de canard… Oscar découvre que les boîtes contiennent de mystérieuses bandes magnétiques.
Avec un graphisme très ligne claire et une intrigue classique qui rappelle « Le Secret de la licorne » (même Oscar a quelque chose de l’inoubliable Tintin avec sa houppette), « Le perroquet des Batignolles » n’interpelle pas par son originalité mais, une fois passée le scepticisme du début, l’histoire s’avère tout de même prenante. Les rebondissements sont nombreux comme dans les bons romans-feuilletons, la personnalité de Monsieur Schmutz donne envie d’en savoir plus et le mystère est loin d’être éclairci dans ce premier tome. Le tout dans une ambiance intemporelle assez étonnante, une sorte de mélange entre les années 60 et aujourd’hui.
L’album n’évite cependant pas deux écueils. Tout d’abord des planches incroyablement bavardes! La densité des dialogues est telle que certaines cases leur sont entièrement vouées, le dessin se cantonnant alors à un décor d’arrière-plan ou à de petits personnages, voire de simples silhouettes. Autre écueil – qui n’est pas arrangé par le bavardage: le manque de dynamisme des planches et des scènes d’actions rares et le plus souvent éludées.
Les auditeurs de France Inter avaient été invités à suivre les aventures d’Oscar Moulinet pendant 110 épisodes, à raison d’un quart d’heure par jour. Les quatre prochains tomes prévus ne devraient donc pas être de trop pour résoudre l’énigme des bandes magnétiques.
– Dargaud