LE JOUR OÙ ÇA BASCULE

Quatorze très grands noms de la bande dessinée internationale réunis autour d’un thème commun: « le jour où ça bascule ». Une couverture et treize histoires plus ou moins séduisantes mais qui sont toute une ode à la création.

Le titre de cette ambitieuse anthologie anniversaire – Les humons ont été fondés en décembre 1974 par Mœbius, Jean-Pierre Dionnet, Philippe Druillet et Bernard Farkas – est aussi le thème proposé à treize grands auteurs de bande dessinée internationaux originaires d’Europe, des Etats-Unis et du Japon. Un thème suffisamment large pour leur permettre d’imaginer sur plus de 130 pages des histoires très différentes dans le style graphique, le ton (drôles, terrifiantes ou énigmatiques), le format (les nouvelles varient de trois à une quinzaine de pages) et l’intérêt. Car comme toujours dans ce genre de recueil, le coeur du lecteur ne basculera pas pour les mêmes récits.

Taiyo Matsumoto, qu’on connait notamment pour « Amer béton », livre ainsi une récit poétique à la finalité un peu obscure mais qui rappelle son goût pour les univers mêlant sport et amitié. D’une grande sensibilité est l’histoire d’Emmanuel Lepage (« Muchacho », « La lune est blanche ») qui évoque avec finesse la découverte de l’homosexualité. Original est le polar du mangaka alternatif Atsushi Kaneko (« Soil », « Wet Moon ») avec sa narration à rebours. Basé sur un cas de conscience est le récit en noir et blanc de John Cassaday (« Planetary »), adapté des « Aventures de Huckleberry Finn » de Mark Twain. Autobiographique mais peu passionnante est la nouvelle d’Eddie Campbell (« From Hell ») qui raconte la perte de son chat. Amusante est celle de Naoki Urasawa (« 20th Century Boys ») qui nous offre une scène de ménage dans un décor de science-fiction. Chaud est le voyage en Enfer que propose Bob Fingerman (« Minimum Wage ») dans les pas d’un athée convaincu. Très drôle est la journée mouvementée de l’alter-ego de Boulet (« Raghnarok », « Notes ») se retrouvant face à toutes les légendes urbaines possibles. Belles sont les planches de Paul Pope (« Teenage Sidekick ») mettant en scène une jeune femme plus redoutable que les prédateurs qui s’attaquent à elle. Danger encore avec le récit horrifique plutôt efficace de Bastien Vivès (« Last Man »). Particulièrement étrange est l’histoire de Keiichi Koike (« Ultra Heaven ») bourrée de monstres marins et d’extraterrestres. Bien vue celle de Frederik Peeters (« Koma », « Pilules bleues ») qui a imaginé le retour sur Terre de la chienne Laïka, premier être vivant mis en orbite autour de la Terre. Très visuelles enfin sont les planches colorées de l’illustrateur Katsuya Terada peuplées de créatures incroyables.

Parallèlement à cette édition normale à 21,99 euros, un coffret luxe tirage limité comprenant un ex-libris signé de chacun des auteurs (y compris Bilal qui a simplement dessiné la couverture de l’album) est disponible. Un bel objet mais qui vous en coûtera tout de même 489 euros!

Dessin et scénario: Taiyō Matsumoto, Boulet, Keiichi Koike, Bastien Vivès, Naoki Urasawa, John Cassaday, Emmanuel Lepage, , Bob Fingerman, Frederik Peeters, Katsuya Terada, Paul Pope, Eddie Campbell, Atsushi Kaneko – Editeur: Les Humanoïdes Associés – Prix: 21,99 euros.

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