LE GOURMET SOLITAIRE

18 déambulations gourmandes dans Tokyo par un maître du manga contemplatif et poétique. A déguster sans excès.

Attention, manga à ne pas lire le ventre vide! En 18 nouvelles qui sont autant de déambulations gourmandes dans les quartiers de Tokyo, Jirô Taniguchi nous invite à découvrir 18 mets: porc sauté et riz à San’ya, sushi-bar à Kichijôji, haricots noirs sucrés en gelée Mamekan à Asakusa, bol d’anguilles grillées sur du riz Unagi-don à Akabané, etc, « Le gourmet solitaire » déroule un menu des plus appétissants.

On pourrait se dire que l’auteur de « Quartier Lointain » a eu une idée bizarre avec Kusumi, créateur d’un studio spécialisé dans la bande dessinée éducative. Mais quand on connait la fascination qu’exerce la nourriture sur les Japonais, ce manga culinaire – déjà paru mais réédité ici dans le sens de lecture occidental – n’est finalement pas si incongru que cela. On trouve d’ailleurs d’autres mangas sur le thème de la cuisine mais traités différemment. Dans « Le gourmet solitaire », nous suivons donc au gré des récits un même personnage, un représentant en produits d’importation. Fidèle à son approche contemplative et poétique du monde, Taniguchi nous montre un homme qui en plus de contenter son estomac en profite pour découvrir divers lieux, s’imprégner de l’atmosphère et s’interroger sur la vie de gens de classes sociales différentes. Bref, un regard sur le quotidien nippon. Comme toujours chez le mangaka, le rythme est aussi lent que le trait est fin et les décors détaillés. Ici on ne se goinfre pas, on déguste.

Etant donné le sujet et même si on adore la cuisine (et la culture!) japonaise, lu d’une traite, le manga peut tout de même donner quelques indigestions. On préfèrera donc le savourer tranquillement, en piochant de temps en temps une ou deux nouvelles comme sur le tapis tournant d’un resto à sushi. Bon appétit!

Casterman

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