LE CHEVAL D’ORGUEIL
Les souvenirs d’enfance d’un Breton entre les deux guerres. Adaptation charmante d’un best-seller paru il y a 40 ans.
Pour commémorer les 40 ans du fameux « Cheval d’orgueil » (près de deux millions d’exemplaires vendus dans le monde) et les 20 ans de la disparition de son auteur Pierre-Jakez Hélias, les éditions Soleil ont publié fin 2015 une première adaptation en bande dessinée, après celle sur grand écran de Pierre Chabrol en 1980. C’est l’enfance et l’adolescence d’un Breton du pays bigouden, durant l’entre-deux-guerres, qui nous est ainsi décrite.
« Le cheval d’orgueil » n’est pas une oeuvre facile à adapter. D’abord parce que le livre est un pavé de plus de 600 pages sur lesquelles Bertrand Galic a du faire des choix pour tenir sur 136 pages de BD. Ensuite parce que l’ouvrage original est dénué d’intrigue proprement dite: Pierre-Jakez Hélias dresse plus le tableau d’une région et d’une époque qu’il ne raconte une histoire… Un challenge pour le scénariste qui s’en sort plutôt bien avec cette succession de saynètes chronologiques et inspirées des souvenirs d’enfance de l’auteur. La narration reste tout de même un peu décousue mais « Le cheval d’orgueil » compense en livrant un témoignage éthnologique et sociologique très intéressant de la culture paysanne et des traditions bretonnes face à la modernité de la République et son école où il y a « interdiction de parler breton et de cracher par terre ». C’est aussi un récit sur l’importance des racines, sur la transmission des valeurs de courage, de dignité et d’honneur.
Au dessin, Marc Lizano, (« L’Enfant cachée », « La petite famille ») a visiblement effectué un gros travail de documentation pour donner corps à l’univers de petit Pierre et le rendre authentique. Le trait enfantin de Lizano, avec des personnages à grosse tête sur un petit corps, surprend ici mais contribue finalement à rendre ses protagonistes attachants.
Voilà en somme une adaptation en bande dessinée du « Cheval d’orgueil » qui ne manque pas de charme et qui touchera particulièrement les lecteurs bretons.
Dessinateur: Marc Lizano – Scénariste : Bertrand Galic – Editeur: Soleil, collection Noctambule – Prix: 17,95 euros.