LE BESTIAIRE DU CRÉPUSCULE
Le gardien d’un jardin public tente de protéger le public des créatures terrifiantes qui le peuplent… Le mélange réussi de deux imaginaires, celui de Lovecraft et celui de l’auteure Daria Schmitt.
Il se passe de drôles de choses dans le parc surveillé par Providence. Le public s’y promène la journée en toute quiétude et la nouvelle directrice n’a que faire des divagations de ce pauvre fou solitaire et asocial, sans savoir que de sombres créatures hantent les allées la nuit venue. Mais lorsque le gardien découvre par hasard un livre étrange, c’est un bestiaire des plus terrifiants qui sort du lac, attirant l’attention d’un mystérieux agent des services pyscho-sanitaires…
« H.P. Lovecraft a chuchoté à l’oreille de Daria, elle a su l’entendre ». Cette phrase écrite par Philippe Druillet dans la préface de l’album dit tout. Daria Schmitt (« Ornithomaniacs », prix Artemisia mention dessin 2018) signe en effet une histoire fantastique spectaculaire qui nous plonge directement dans l’univers de Lovecraft. Un hommage à son oeuvre mais aussi à sa vie, sans être pour autant une adaptation. Car si une nouvelle du maître du fantastique américain, « L’étrange maison haute dans la brume », est reprise en intégralité au détour du récit, elle est simplement là pour servir très habilement un scénario original et captivant, non dénué d’un humour absurde et réussi.
Daria Schmitt livre des planches de toute beauté dévoilant globes oculaires tapis dans les herbes hautes, troncs aux mains noueuses, poissons géants et autres créatures extraordinaires dans des décors ultra détaillés et au trait tout en hachures, invitant à la contemplation. Le noir et blanc prédomine mais des touches de couleurs viennent souligner les éléments fantastiques, marquant ainsi la fragile frontière entre les mondes réel et onirique. Une très belle lecture.
Dessin et scénario: Daria Schmitt – Editeur: Dupuis, collection Aire libre – Prix: 23 euros.