LA NUIT DE L’ALLIGATOR

Un recueil de petites histoires qui portent bien la marque de Loustal et de son univers. Une rétrospective intéressante.

Un chasseur d’Afrique suicidaire, une jeune femme qui devient boulimique après la mort tragique de ses enfants, un tueur à gages qui se fait descendre sitôt son contrat terminé, la cavale meurtrière d’un frère et d’une soeur au Nouveau-Mexique, etc. Autant de tranches de vie racontées dans dix-neuf histoires signées de Loustal et, pour certaines d’entre elles, des scénaristes Marc Villard et Philippe Paringaux également.

« La nuit de l’alligator » est en fait une compilation de récits – dont celui qui donne son nom à l’album – parus initialement dans les années 80 dans Métal Hurlant ou chez Albin Michel et Les Humanoïdes Associés. Les héros de ces nouvelles sont des personnages étranges et mal dans leur peau. Sur fond de paysages exotiques et de musique jazzy la plupart du temps, Loustal développe des thèmes récurrents que sont la culpabilité, le racisme, la sexualité, l’autodestruction.

Le traitement graphique de ces 19 récits de longueur inégale est en revanche beaucoup plus varié. Couleur directe, noir et blanc, aquarelle, encre de chine ou lavis, « La nuit de l’alligator » donne un aperçu des multiples facettes de l’oeuvre de Loustal à mi-chemin entre la bande dessinée et l’illustration: il n’y a pas de bulles dans les planches, pratiquement pas de dialogues mais un texte plutôt poétique et littéraire qui court en voix off sous les cases.

Au bout du compte, les histoires n’ont pas toutes le même intérêt. Si certaines sont d’une grande force (« Boulimique » est certainement l’une des meilleures), d’autres sont plus obscures et l’on a du mal à rentrer dedans. Mais parce qu’il permet d’apprécier en une centaine de pages l’étendue du travail de Loustal, « La nuit de l’alligator » est un bel objet.

Casterman

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