LA DANSE DU TEMPS – Tome 1. Le baiser du serpent
En route pour l’Amérique, dans un monde parallèle où les blancs auraient été chassés par les Indiens. Un jeune guerrier enlève la princesse d’une tribu rivale et c’est le début des ennuis. Une intrigue imaginative qui souffre d’un graphisme pas forcément engageant.
Imaginez une Amérique où les indiens auraient réussi à vaincre les blancs, ces « démons cupides à la peau blême ». Un territoire resté sauvage dans lequel vit Quatre-Vents, orgueilleux guerrier Lakota qui, pour montrer sa bravoure, enlève Lune-dans-les-Nuages, la fille du chef de la tribu des Pawnees. Mais la mort de cette dernière lui fait comprendre qu’il en était finalement tombé amoureux. Il décide donc d’aller trouver les Paiutes, une tribu connaissant « la Danse du Temps », seule capable de le faire retourner dans le passé.
Vieilles légendes, chamanisme, mysticisme et surnaturel, voilà des thèmes chers à Igor Baranko, dessinateur ukrainien déjà auteur de « L’Empereur Océan ». Pour cette série, il s’était inspiré d’une époque de sa vie où il était parti vers les régions bouddhistes de Sibérie à la recherche du sens de la vie. Avec « La danse du temps », il prend pour cadre le territoire américain où il s’est installé après avoir gagné à l' »USA Immigration Lotery » en 1999.
Avec sa Danse du Temps, le dessinateur ukrainien s’inspire de la Danse des esprits élaborée à la fin du XIXe siècle par Wovoka, un indien Paiute qui annonçait un Nouvel Age, dans lequel les blancs disparaîtraient et leur rendraient une terre abondante. La prophétie de Wovoka ne s’est pas réalisée dans la réalité malgré la danse et les chants rituels. Baranko imagine que si. En cela, cette nouvelle série est une uchronie.
Si l’originalité de « La danse du temps » est de prendre pour héros les peuples amérindiens, peu exploités en dehors du traditionnel schéma cow boys-indiens, Baranko ne se contente pas de cela. Aux nombreuses références aux rites et sacrifices indiens, au chamanisme, se greffe tout un tas d’autres cultures, réelles ou imaginaires, qui lui servent à construire un univers étonnant autour des thèmes de l’amour et du destin. Le fantastique apparaît par taches et les personnages sont plus fouillés qu’il n’y paraît au premier abord, notamment Celle-qui-ondule-comme-un-serpent, l’ancienne maîtresse de Quatre-Vents. On ne sait pas encore bien où Baranko veut nous emmener mais le récit est prometteur.
Le graphisme, en revanche, est beaucoup plus classique. Sans doute trop même, un brin désuet, avec de plus une mise en couleurs faite de gros aplats uniformes. Passé cet obstacle, « La danse du temps » promet un agréable moment de lecture.