LA CONJURATION D’OPALE – TOME 1. Le Serment
En plein XVIIe siècle, les détenteurs de trois opales confiées par Nostradamus à leurs pères, se retrouvent réunis par le destin. Une trame d’héroïc-fantasy plutôt conventionnelle boostée par un récit rythmé et une dessin superbe.
Nous n’en sommes qu’à mi-2005 et déjà on ne peut plus compter sur une main les albums de Corbeyran parus cette année (« Charmes fous », « Asphodèle » « Weena », « Le territoire », « Imago Mundi »…)! Cette fois il s’est associé avec Nicolas Hamm pour nous concocter un récit d’aventure ayant pour cadre la Renaissance: en 1561, Nostradamus guérit trois naufragés de la peste noire. En échange, il leur fait prêter serment et leur remet une opale chacun qu’ils devront transmettre à leurs fils. 1628: Joachim le philosophe alchimiste, Erik le mercenaire et Walaya la métisse aventurière, les héritiers de ces naufragés, se retrouvent réunis. Ensemble, ils devront retrouver et veiller sur les précieux écrits de Nostradamus.
Encore une série digne de l’héroïc-fantasy avec une opale magique, un méchant défiguré et des individus lambda liés par le destin, dont une guerrière à moitié nue… Effectivement le principe est bien connu et l’on retrouve un certains nombre de stéréotypes du genre. Heureusement, la transposition de l’histoire dans un cadre historique avec des personnages célèbres relance l’intérêt. En l’ocurrence, il s’agit de Nostradamus, de Richelieu et de la Guerre de Trente ans: La Rochelle est assiégée par les troupes du Cardinal et si à l’intérieur les huguenots souffrent de la faim, à l’extérieur on s’ennuye ferme. Décors (en particulier La Rochelle, Bordeaux et Marseille), navires et costumes ont vraisemblablement fait l’objet de recherches et sont tout à fait crédibles.
De plus, le récit est bien rythmé et se tient malgré quelques invraisemblances dérangeantes comme ce javelot tombé au fond de l’eau que son propriétaire retrouve plusieurs planches après en plongeant au même endroit, tout à fait par hasard. Quant à l’explication du serment fait à Nostradamus par les trois naufragés, elle arrive certes un peu tard dans l’album mais les auteurs nous évitent tout de même la frustration de devoir attendre le prochain tome pour comprendre un minimum.
En fait, tant du point de vue scénaristique que graphique, « La conjuration d’Opale » rappelle un peu la série « Scorpion » de Duffaux et Marini avec le côté aventuro-ésotérique du récit. Graphiquement, le travail de Delaby aussi (« Murena », « Lacomplainte des landes perdues »). La comparaison aurait pu être pire! Au niveau du dessin d’ailleurs, l’album réalisé en couleurs directes est réussi. Pour un premier essai en bande dessinée, Grun a fait du bon travail même si les couleurs sont parfois un peu fades surtout pour exprimer les évènements dramatiques du siège comme la famine.
Il faudra attendre le tome suivant pour voir le tour que prendra la série et se faire une idée plus précise. On espère bien aussi en savoir plus sur Walaya la corsaire métisse qui, il faut bien le dire, avec ses tenues légères, ne cadre pas vraiment pour l’instant avec le style du récit et l’époque explorée.
– Dargaud