LA COLERE DE FANTOMAS – Tome 1. Les Bois de justice
Le Tout-Paris a assisté à son exécution et pourtant le terrible Fantômas réapparait. Et il est très, très en colère. Réhabilitation en beauté du super-vilain de Pierre Souvestre et Marcel Allain.
Paris, 1911. Fantomâs est exécuté. La fin de seize années pendant lesquelles le plus grand criminel de l’Histoire a terrorisé les foules et mis la police en déroute. Mais alors que l’inspecteur Juve et le journaliste Fandor commenceraient presque à s’ennuyer, un évènement vient tout chambouler: lors d’une représentation théâtrale inspirée de la vie de Fantômas, celui-ci surgit d’outre-tombe et massacre acteurs et spectateurs!
Fantômas revient! Et par n’importe lequel. Exit le Fantômas des années 60, sorte de bouffon ringard au masque bleu popularisé par Jean Marais et Louis de Funès. Olivier Bocquet, qui signe ici son premier scénario, et Julie Rocheleau (« La fille invisible ») redonnent au personnage ses lettres de noblesse. Comme Pierre Souvestre et Marcel Allain l’avaient imaginé au début du XXe siècle, ce Fantômas là est un méchant à l’état pur. Anarchiste avide d’argent et de pouvoir, cruel, il n’hésite pas à torturer et à tuer pour arriver à ses fins. Il en éprouve même une certaine jouissance. Fantômas est un monstre dont le visage et la véritable identité demeurent inconnus. C’est aussi, explique Bocquet en préambule de ce premier tome, « le premier super-héros de l’Histoire », né 25 ans avant le premier héros masqué de comics, The Phantom.
Julie Rocheleau a parfaitement cerné Fantômas. La Québécoise n’a pas son pareil pour retranscrire à la fois l’ambiance du Paris du début du siècle et la monstruosité de l’homme. Son trait délicat sait se faire élégant et rétro, proche de l’illustration, lorsqu’elle dessine les rues parisiennes, les bords de Seine ou ces visages à la Toulouse-Lautrec, bref le Paris de la Belle Epoque. Mais la rage de Fantômas déborde aussi des planches de la dessinatrice avec un trait sec et vif, renforcé par des couleurs agressives, entre le orange, le vert ou le rouge sang. Fantômas est tantôt une ombre inquiétante, une lame à la main, tantôt un humain en chair et en os au visage diabolique. C’est beau, puissant, Pour dessiner les aventures d’un tel personnage, Bocquet ne pouvait pas mieux tomber.
Pour l’heure, deux autres tomes sont programmés. Si la série marche, elle ira jusqu’à neuf. Bocquet rêve ensuite de voir d’autres scénaristes s’approprier le personnage, comme dans les comics américains. Le « père de tous les super-héros », le premier super-vilain de l’Histoire n’a certainement pas dit son dernier mot.
– Olivier Bocquet: « Redonner sa place à Fantômas »
– Dargaud