JOLIES TENEBRES
Une communauté liliputienne surgit du corps d’une fillette. Une fable saisissante et dérangeante sur la nature humaine. Superbe.
Cela commence comme un gentil conte: une toute jeune fille reçoit son prince à goûter… Et pourtant « Jolies ténèbres » n’a rien de gentil ni d’enfantin. Car bien vite, du corps sans vie d’une fillette gisant dans la forêt émerge une minuscule communauté de personnages forcés de s’organiser pour survivre dans ce monde hostile.
« Jolies ténèbres » est de ces livres qui ne laissent pas indifférents, de ceux qui parviennent, en près d’une centaine de pages, à susciter chez le lecteur une large palette de sentiments mêlés ou successifs: amusement, attendrissement, compassion, pitié, dégoût et horreur! Le ton est grinçant, le propos quasi sociologique car s’ils sont hauts comme trois pommes, les drôles de personnages imaginés par Vehlmann et Kerascoët ont bien des caractéristiques humaines. La véritable nature des gens se révèle toujours dans les moments difficiles, dit-on. Et effectivement pendant que la généreuse Aurore travaille d’arrache-pied pour rendre heureuse toute sa petite communauté, les clans se forment, les individualismes émergent. Que deviendront les faibles, les gentils, les handicapés face aux lâches, aux profiteurs, aux assoiffés de pouvoir et aux cruels?
Alors non, décidément, « Jolies ténèbres » n’a rien d’un conte de fées malgré le dessin simple et gai. C’est simplement une effroyable mais formidable fable noire à découvrir absolument le 6 mars 2009 en librairie.
– Dupuis