JE PREFERAIS NE PAS

Un trentenaire se retrouve brusquement sans emploi. Réflexion humoristique et visuellement forte sur le travail et son(in)utilité.

Licencié du jour au lendemain de son entreprise hongkongaise, Butt se retrouve au chômage, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Sieste, procrastination et activités décalées composent alors le quotidien de ce trentenaire célibataire.

Auteur d’une chronique politique en images dans le quotidien hongkongais Ming Pao Daily et conférencier à l’Académie des Arts visuels de l’Université baptiste de Hong Kong, Justin Wong est un digne représentant de la génération Y technophile, hyper connectée, individualiste et inventive. Aussi, dans un album plein d’humour et d’autodérision, Justin Wong nous embarque dans un éloge de la paresse savoureux où Facebook et Google ne sont jamais loin, un mélange d’expériences hétéroclites: s’habiller en CSP+ et faire semblant d’aller au bureau, errer dans la ville en se dirigeant en fonction des réactions des badauds à un simple « bonjour », imaginer les différentes manières de ranger sa bibliothèque, créer un groupe d’inactifs actifs sur Facebook, redessiner les plans de la ville pour en faire sa cité idéale, faire coller des paroles de chanson à des scènes de rue, etc. Autant d’activités aussi inutiles que risibles qui pose la question universelle de l’engagement au travail, du sentiment d’inutilité et de la solitude urbaine.
Pour mettre en scène cette drôle de chronique du quotidien du parfait chômeur, Justin Wong a choisi un style original qui n’est pas sans rappeler un certain Chris Ware. A l’instar des notices de sécurité des compagnies aériennes, « Je préférerais ne pas » use d’un graphisme minimaliste aux formes géométriques. Il joue avec un découpage éclaté et l’univers informatique à grands renforts d’organigrammes, infographies, plans, boutons à cliquer et autres émoticones. C’est bien fait, varié et très lisible, bref efficace.

Dessin et scénario: Justin Wong – Éditeur: Rue de l’Echiquier – Prix: 19,90 euros.

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