ISLANDIA – Tome 1. Escale Boréale
Désirant à tout prix comprendre pourquoi il rêve de l’Islande depuis toujours, un jeune garçon embarque clandestinement sur un bateau de pêche en partance pour le nord. La naissance d’un héros sympathique et le début d’une aventure fort agréable à lire, flirtant avec le surnaturel.
L’Islande… Le pays obsède Jacques dans ses rêves bien qu’il n’y ait jamais mis les pieds. Nous sommes au 17e siècle et le jeune garçon embarque comme passager clandestin sur un bateau de pêche en partance pour les côtes islandaises. Très vite découvert, il est accusé par les marins d’être à l’origine des incidents qui surviennent à bord.
Avec « Islandia », Marc Védrines signe sa première série en tant que scénariste et dessinateur mais déjà avec « Phenomenum » (avec Kaminka au scénario), il jouait avec le surnaturel, le fantastique. Un peu plus qu’une BD d’aventure mais pas tout à fait un récit fantastique, « Islandia » est à cheval sur la frontière. Ce n’est pas un défaut, au contraire, puisqu’en restant ainsi dans le flou, le récit gagne en suspense. Védrines, qui se rend régulièrement en Islande, connaît bien le pays, son histoire et sa culture et, à part le fait que Jacques se met soudain à parler l’islandais sans jamais l’avoir appris, qu’il a d’étranges visions, qu’il connaît un tas de signes cabalistiques et que parfois des types sont pris de folie meurtrière à son encontre, l’album est assez réaliste. On pourrait presque croire que Jacques est juste un peu dérangé.
Dérangé ou non, force est de constater que le gamin sait se rendre sympathique et qu’on a bien envie de savoir où l’auteur veut le mener. Au bout des 52 pages de ce premier tome, on ne sait pas grand chose de la vie passée de Jacques mais un soin évident a été apporté aux personnages secondaires que le jeune garçon croise sur le bateau ou en Islande. On apprend ici et là des détails sur chacun d’eux (le marin dans la cale, le capitaine du navire, Stina la petite Islandaise, etc), ce qui leur donne davantage d’épaisseur. Il est vrai que les planches sont plutôt bavardes et que l’auteur peut en dire beaucoup! Cela reste cependant fluide sauf peut-être lorsque Stina raconte à Jacques une légende islandaise. Le travail de Védrines sur les planches est d’ailleurs assez intéressant: plutôt sombres, toutes sont différentes, du gaufrier de 16 cases aux vignettes posées sur une grande case panoramique. Sur l’exemplaire que nous avons lu, deux planches ont malheureusement subi un défaut d’impression. Un défaut pas bien grave certes qui ne gâchera pas en tout cas ce moment de lecture très agréable.
– Dargaud